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Coiffeur, esthéticienne à domicile : le confinement met le feu aux poudres

Coiffeuses, esthéticiennes et masseuses ne pourront plus exercer à domicile. Le gouvernement a décidé d'interdire à ce secteur du bien-être de continuer de travailler chez les gens. Une mesure prise au nom de l'équité avec les salons et les instituts fermés. Quelque 50.000 emplois sont concernés. Le torchon brûlait entre salons, instituts et indépendants.

La coiffure à domicile emploie 23.500 salariés en France, ce qui représente 25 % des emplois du secteur.
La coiffure à domicile emploie 23.500 salariés en France, ce qui représente 25 % des emplois du secteur. (iStock)

Par Dominique Chapuis

Publié le 2 nov. 2020 à 14:59Mis à jour le 2 nov. 2020 à 18:03

Il y avait les produits non essentiels, le gouvernement y a ajouté des services à domicile. Après la fermeture des rayons de jouets, livres, ou vêtements dans les grandes surfaces, certains emplois à domicile sont à leur tour jugés non prioritaires. C'est le cas de la coiffure , de l'esthétique et des massages.

Un changement de braquet, selon les professionnels. En octobre, le premier ministre, Jean Castex, avait indiqué que « toutes les entreprises qui ne sont pas fermées administrativement doivent pouvoir continuer à fonctionner le plus normalement possible. Je pense à toutes les activités de services, […]. Il en sera évidemment de même pour tous les professionnels du soin, ceux du service à la personne, notamment de l'aide à domicile ou de la garde d'enfant. » Autrement dit, les nounous, les aides à domicile en charge des personnes âgées peuvent travailler, comme les femmes de ménages. En clair, c'est le cas de tous les services bénéficiant de crédit d'impôts.

Un flou juridique

« Dans le décret paru fin octobre, les métiers à domicile liés au bien-être n'étaient pas interdits. Ce texte visait les établissements recevant du public, avec des clients qui, en se croisant, risquaient une exposition plus forte au virus », précise Pierre André, cofondateur de Wecasa, première plateforme française de réservation de ces services. Ce qui donnait la chance aux coiffeuses, comme aux esthéticiennes à domicile de continuer, en appliquant des protocoles sérieux.

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Cette activité est loin d'être négligeable : elle regroupe environ 50.000 emplois pour le bien-être sur un total de 1,4 million de salariés à domicile. La demande avait grimpé en mai, avec un bond de 700 % (comparé à mai 2019) chez Wecasa. Après une stabilisation cet été, l'annonce du second reconfinement a de nouveau fait exploser les commandes.

Mais devant la fronde des petits commerces, le gouvernement a dû revoir prestement sa copie durant le week-end. Car sa décision de maintenir leurs rideaux baissés a mis le feu aux poudres. « Il n'est pas compréhensible pour un salon qui a fait tous les efforts pour s'adapter aux règles de sécurité sanitaire, mis du gel à l'entrée, demandé que les coiffeurs soient masqués, que dans le même temps il puisse y avoir de la coiffure à domicile. Ce ne sera plus possible, par souci d'équité », a indiqué, lundi, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie. L'esthétique à domicile et les massages sont logés à même enseigne.

Tensions entre professionnels

La coiffure constitue le gros des troupes travaillant à domicile dans le secteur du bien être, avec 23.500 salariés. Ils représentent, selon l'Union nationale des entreprises de coiffures (Unec), 25 % des emplois. En dix ans, leur nombre a été multiplié par 4. Dans l'esthétique, le poids du travail à domicile est estimé à 30 % (environ 15.600 emplois). La majorité exerce en milieu rural, où il y a un besoin de la clientèle, située loin des centres-villes.

« Ce sont des indépendants à qui on a coupé les vivres, tout ça pour protéger de grandes chaînes, proteste Pierre André. La position des syndicats est incompréhensible. C'est comme si les restaurateurs avaient demandé l'interdiction des livraisons de plat à domicile. Au lieu de s'organiser eux-mêmes pour proposer ce type de services, et préserver une partie de leurs revenus. »

Du côté des fédérations professionnelles, cette clarification constitue un soulagement. Alors que la réouverture des salons et des instituts n'est pas à l'ordre du jour, le torchon brûlait au sein de ces professions. Tout le week-end, la différence de traitement entre ces réseaux a alimenté la querelle au sein des mêmes métiers.

« Il y avait une vraie cacophonie. On ne peut pas interdire le travail en institut et l'autoriser à domicile. Soit c'est tout le monde, soit c'est personne », estime-t-on à la Confédération nationale artisanale des instituts de beauté et spas (CNAIB). « Nous ne voulons pas opposer les uns et les autres. Nous faisons le même métier, plaide Christophe Doré, président de l'UNEC. On ne pouvait pas avoir deux poids deux mesures, alors que toute la profession souffre. »

Selon une étude de L'Unec, 29 % des salons ont déjà utilisé le PGE pour soulager leur trésorerie. « C'est désolant car dans cette période de confinement, ces services à domicile sont souvent un réconfort, car beaucoup de gens, notamment des personnes âgées vivent seuls », tranche Pierre André, de Wecasa.

Dominique Chapuis

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