« Une réduction des frais de scolarité » : voilà le titre de la pétition lancée fin octobre par des élèves de l’école de commerce Toulouse Business School (TBS). Elle a recueilli 1 082 signatures en une semaine. Alors que les cours sont désormais assurés en ligne, certains élèves digèrent de moins en moins bien le coût de leurs études.
Depuis le premier confinement, le monde des écoles de commerce françaises connaît une vague de contestations estudiantines, collectives ou individuelles. « Le débat a été ouvert dans une majorité d’établissements », explique Etienne Loos, président du Bureau national des étudiants en école de management (BNEM), et par ailleurs étudiant à Skema.
« Je paie 12 000 euros par an pour des cours en ligne à 100 %, dispensés chez des enseignants qui ne disposent pas des outils pédagogiques. Sans parler des difficultés que rencontrent certains avec les nouvelles technologies. Avec cette pétition, nous réclamons une réduction de 1 000 ou 2 000 euros pour compenser ce préjudice », s’exaspère Brice*, en master à Toulouse Business School. La pétition a été retirée du site qui l’hébergeait vendredi 6 novembre, à la suite d’un échange entre les étudiants et la direction.
Certains étudiants, comme Solène*, mettent en avant leurs difficultés économiques individuelles : « C’est difficile aussi pour nous, et un geste de la part de l’école serait vraiment bienvenu. J’ai contracté un prêt à la banque pour payer mes études. Mes parents m’aident aussi financièrement mais avec le coronavirus, leurs salaires ont drastiquement baissé. Je ne veux pas être un poids pour eux. »
Amputation de la vie étudiante
A cela s’ajoute, pour ces étudiants, la peur du décrochage, de la dévaluation de leur diplôme, et la crainte d’une insertion professionnelle très incertaine… Le BNEM fait office de bureau de doléances depuis la rentrée. Sans nul doute, le point qui cristallise les mécontentements est celui de l’amputation de la vie étudiante. « Nous payons pour un ensemble de prestations et pas seulement les cours. Je voudrais retourner à l’école, profiter des services présents sur le campus et être avec les autres étudiants. La vie associative me manque. Rester tout seul crée beaucoup d’angoisses. Je souhaiterais que l’école nous soutienne pour compenser la situation actuelle », regrette Ludovic*, étudiant à Rennes School of Business, visée il y a quelques mois par des demandes de remboursement.
Un manque de soutien démenti par les écoles de commerce. Depuis mars 2020, elles se défendent d’avoir pris des mesures pour que « les étudiants se sentent à distance comme sur le campus », selon Alice Guilhon, directrice générale de Skema, et qui préside aussi le Chapitre des écoles de management de la Conférence des grandes écoles. Caméras immersives, tablettes digitales, formation des enseignants, recrutements de personnels informatiques… A Skema, entre mai et juillet 2020, « 2,5 millions d’euros supplémentaires ont été nécessaires afin que l’école s’adapte à ces nouvelles conditions », selon sa directrice.
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