A peine passée la porte de l’Ecole nationale de chimie de Lille (ENSC), une forte odeur vous prend au museau. Le masque est pourtant bien en place sur le nez des visiteurs et l’air circule facilement dans les vastes locaux. Mais rien à faire. « Sans doute une expérience avec du soufre », devine un enseignant.
Bienvenue dans l’une des rares écoles d’ingénieurs que se sont appropriées les filles. En effet, alors que la majorité des cursus d’ingénierie sont, en France, peuplés majoritairement par des garçons (le taux de féminisation au niveau national des écoles d’ingénieurs est de 32 %), la chimie fait figure d’exception. Dans ce secteur, on compte 55 % de jeunes femmes selon l’enquête 2020 de la Conférence des grandes écoles (CGE). Une proportion en augmentation. En 1980, les filles représentaient 27 % des diplômés de l’ENSC. Elles étaient 52 % en 2000, et plus de 70 % en 2020.
La chimie de formulation trouve ses débouchés dans les cosmétiques, le shampoing, le parfum
A quoi rêvent ces apprenties chimistes ? A l’ENSC, la formation des élèves ingénieurs se construit autour de trois axes : « l’optimisation et la fiabilité des matériaux », qui consiste à répondre aux besoins de l’industrie dans leur fabrication et leur emploi ; les « procédés durables », qui engage à trouver des solutions aux enjeux environnementaux grâce, par exemple, à l’usage de la biomasse, la dépollution des ressources naturelles, la valorisation des déchets ; enfin la chimie de « formulation » où le principe est de mélanger différentes matières premières pour concevoir de nouveaux produits. Les étudiants se spécialisent dans l’une de ces trois majeures lors de la dernière année de leur cycle d’ingénieur.
Le panel de débouchés auxquels l’école forme est donc vaste. Mais « environ 75 % des étudiants qui viennent chez nous veulent, en arrivant, se former à la chimie de formulation », mesure Christophe Dujardin, directeur des études de l’ENSC. Une majeure essentiellement féminine qui peut conduire à la réalisation de cosmétiques, shampoings, parfum… Celia Breton, 20 ans, étudiante en deuxième année d’ingénierie, suit cette spécialité. « J’aimerais travailler pour L’Oréal, un groupe qui possède tellement de marques qu’il peut, si on l’intègre, ouvrir énormément de possibilités », estime-t-elle. Caroline Brice, 22 ans, également en deuxième année, a été emballée par un stage dans une entreprise de « cosmétiques naturels » et se verrait également poursuivre dans cette voie.
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