Comment la crise et les mesures fiscales et sociales mises en place par l’exécutif pour y répondre ont-elles affecté les revenus des Français au temps du Covid-19 ? C’est pour tenter de répondre à cette question que l’Institut des politiques publiques (IPP) et le Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap), deux organismes de recherche indépendants, ont analysé les quatre budgets de crise présentés depuis mars, ainsi que le projet de loi de finances 2021, dans une étude détaillée publiée lundi 16 novembre et que Le Monde a pu consulter.
Pour cela, les chercheurs ont eu accès à des données en temps réel, parfois peu exploitées jusqu’à présent (déclarations de TVA mais aussi données Google, Citymapper, consommation d’électricité…). Pour autant, l’exercice, réalisé chaque année, prend cette fois-ci l’allure d’un tour de force. « Notre objectif était de voir comment les mesures budgétaires orientent la croissance future et leurs effets sur les ménages et les entreprises. Malgré la mobilisation des données les plus récentes possible, il demeure très difficile d’avoir une idée de l’ampleur du choc pour 2020, alors que nous sommes mi-novembre », explique Antoine Bozio, directeur de l’IPP. Ainsi côté croissance, si Bercy prévoit une récession de 11 % pour cette même année, les économistes restent sur une fourchette de – 8,6 % à – 11 % de PIB, soit des incertitudes de plus de 2 points, quelque 50 milliards d’euros !
Côté ménages, une évidence : la crise a exacerbé les inégalités de niveau de vie. Les revenus des Français les plus modestes sont davantage liés aux secteurs les plus touchés par le confinement du printemps. Cette catégorie de population exerce en moyenne une activité dans un secteur plus durement touché (hébergement-restauration, services, transport…) par les restrictions sanitaires que les ménages les plus aisés, note l’étude. Ce sont aussi ces salariés modestes qui occupent les postes pour lesquels ils sont moins susceptibles de télétravailler. Enfin, ils sont moins protégés par leurs contrats de travail (moins de 50 % de CDI chez les 20 % les plus modestes, contre plus de 70 % parmi les plus aisés). A l’autre bout du spectre, le télétravail, qui a permis aux travailleurs de conserver leur activité dans plusieurs secteurs durant la crise, est concentré sur les plus hauts salaires.
« Les actifs en emploi sont protégés »
« Les mesures d’urgence prises depuis le début de l’année (chômage partiel, fonds de solidarité pour les indépendants, aides exceptionnelles de solidarité) ont permis d’atténuer le choc de la crise et de compenser en partie ces inégalités », indique M. Bozio.
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