Premier opérateur culturel privé français, avec quatorze sites en gestion (Musée Jacquemart-André et Musée Maillol, à Paris, Hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, Maison Carrée de Nîmes, etc.) et 4,6 millions de visiteurs accueillis en 2019, Bruno Monnier, président de Culturespaces, voit dans la crise due au nouveau coronavirus un accélérateur du basculement vers les expositions numériques.
Quel est l’impact de l’épidémie due au nouveau coronavirus sur votre activité ?
L’impact est massif puisque nous allons perdre quasiment la moitié de notre activité cette année. En 2019, nous avions réalisé 68 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cette année, on ne devrait pas dépasser 38 millions ou 39 millions d’euros. Nos sites les plus touchés sont ceux qui accueillent un public très international, comme la villa Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat [Alpes-Mariti[mes]. On se retrouve dans la position du Louvre, du Musée d’Orsay ou de Versailles, avec une fréquentation en recul d’au moins 60 %. Nos activités de réception et d’événementiel [4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019] sont aussi très touchées : tout est arrêté depuis mars.
Certains sites s’en sortent-ils mieux que d’autres ?
Des lieux comme le Musée Jacquemart-André, à Paris, avec l’exposition « Turner », sont beaucoup moins touchés. La fréquentation n’y a diminué que de 30 % parce qu’on a un public essentiellement francilien. Après la fin du premier confinement, l’activité y avait d’ailleurs presque retrouvé son niveau d’avant, même si les jauges mises en place pour respecter les recommandations sanitaires nous ont empêchés d’accueillir plus de monde.
Culturespaces bénéficie-t-il d’aides de l’Etat pour traverser cette période ?
Comme toutes les entreprises privées, nous bénéficions des mesures de chômage partiel, mais c’est tout. Nous n’avons droit à aucune subvention ou aide publique. Nous sommes une ETI [entreprise de taille intermédiaire] et non une PME [petite et moyenne entreprise]. A ce titre, nous ne bénéficions pas des suppressions de charges. Nous réclamons leur extension aux entreprises de notre taille. Les aides spécifiques du ministère de la culture sont, quant à elles, réservées aux opérateurs publics.
Combien de vos salariés sont au chômage partiel ?
Environ 300 de nos 400 salariés ont été mis au chômage partiel, c’est très important. Mais il ne faut pas oublier que les charges de personnel ne représentent jamais que 40 % de nos charges totales. Et nous sommes obligés de conserver un minimum de gardiens, de techniciens, de jardiniers dans les monuments que nous gérons. On ne peut pas laisser les jardins se développer de manière anarchique !
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