Un tonneau de bois transformé en siège, une bibliothèque qui se déplie pour faire apparaître un bureau, une valisette qui se transforme en table de travail… Le concours d’idées bat son plein en ce vendredi de la mi-octobre à l’Ecole supérieure du bois à Nantes (ESB). Une centaine d’élèves de première année travaillent par groupes de six à concevoir et réaliser un bureau en bois, modulable, pour les personnes qui ont peu d’espace et doivent télétravailler pendant la crise sanitaire. Le tout dans une démarche d’écoconception. Chaque groupe dispose de deux planches de contreplaqué et d’un budget de 50 euros pour le reste du matériel.
Pas de temps à perdre en ce vendredi matin, dernier jour consacré à la conception avant de passer à la réalisation en atelier la semaine suivante. Dans chaque équipe, c’est l’effervescence. Mathis Aubry discute avec ses camarades pour savoir comment minimiser les chutes : « Nous débattons et réalisons des calculs pour utiliser au maximum les planches mises à notre disposition. » Clara Estival, elle, s’est isolée dans le fab lab, dans une autre aile du bâtiment, pour réaliser un maillage du bois. « Je crée un motif spécifique pour permettre au matériau de se plier sans se casser et ainsi n’utiliser que du bois et des matériaux recyclés pour notre valise-bureau », détaille la jeune femme, qui a intégré l’ESB après un cursus d’architecte.
Un professeur : « L’analyse du cycle de vie d’un produit permet de faire des choix. A quel degré je m’autorise à polluer ou non, par exemple ? »
Ce premier projet grandeur nature au sein de leur scolarité met les étudiants en contact avec les réalités de l’écoconception, alors que l’école a revu sa maquette pédagogique en 2019 autour de l’économie circulaire, qui représente 600 heures de cours tout au long des trois années du cursus. A l’image de ce « speed défi », un courant « low tech » commence à émerger dans les formations d’ingénieurs françaises. Cette démarche vise à concevoir des produits et services sobres en énergie, robustes, réparables par le plus grand nombre, et recyclables. Si le terme même de « low tech » ne fait pas l’unanimité dans les écoles, les cours autour de l’analyse des besoins et du cycle de vie des produits, de l’économie circulaire, de l’écoconception ou de l’innovation frugale fleurissent, alimentant une nouvelle vision de l’industrie. Quelques parcours liés à ce mouvement voient ainsi le jour, comme à Centrale Lille en dernière année. Et des écoles du numérique y réfléchissent, à l’image de l’Esiea, qui prévoit une mineure « low tech et innovation frugale » à la rentrée 2021.
Il vous reste 71.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.