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Le « club des recalés » des Sciences Po, entre amertume et nouveaux horizons

Considérés par certains comme un Graal, ces instituts très sélectifs génèrent une déception tenace chez les nombreux bacheliers qui ratent les concours. Pourtant, beaucoup rebondissent mieux qu’ils ne l’auraient espéré.

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Publié le 15 novembre 2020 à 07h00, modifié le 18 novembre 2020 à 20h08

Temps de Lecture 6 min.

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Le baccalauréat ? Au lycée, Louis ne s’en souciait guère. Il n’avait qu’un projet en tête : intégrer Sciences Po Paris, coûte que coûte. Réussir le concours, même si cela signifiait mettre l’insouciante vie de lycéen entre parenthèses. Ça lui avait pris au retour d’un séjour d’études aux Philippines, organisé par le Rotary, après lequel l’envie d’international, pourquoi pas de diplomatie, ne le lâchait plus. Sciences Po semblait tout indiqué, et plusieurs profs de son lycée de Mayenne le lui avaient assuré : il avait le profil.

En terminale, pour mettre toutes les chances de son côté, Louis s’inscrit alors à une prépa du concours commun des instituts d’études politiques (IEP), de celui de Paris ainsi que de Bordeaux et Grenoble. Toute l’année, il se met une « pression immense ». Mais les résultats du concours commun arrivent négatifs, et l’oral final d’admission à Sciences Po Paris se solde aussi sur un échec. « C’était tout un projet de vie qui s’effondrait, confie cet enfant d’une famille de la classe moyenne. Pour moi, Sciences Po, c’était la réussite sociale assurée, la voie royale. »

« Méritocratie »

Cette image de « Graal » attachée à Sciences Po pousse chaque année des milliers de candidats à tenter l’entrée en première année dans l’un des dix établissements labellisés, aux marques largement reconnues. Pour Flaviana, née à Rouen de parents qui ont immigré de Guinée-Bissau, ces écoles représentaient « un capital culturel et social ». « Tous les gens que j’admirais étaient passés par cette école, explique la jeune femme, qui n’est pas parvenue à y entrer. A l’époque, je voyais surtout que c’était un concours et puis c’est tout. La méritocratie pure, quoi ! »

Un concours et puis c’est tout ? Flaviana sait aujourd’hui qu’il n’en était rien : ces procédures d’admissions postbacs deviennent chaque année plus sélectives. En 2019, on comptait plus de 11 000 candidats pour seulement 1 900 places à l’entrée en première année de Sciences Po Paris. Ils étaient plus de 10 000 aussi au concours commun (qui comprend Aix, Lille, Lyon, Rennes, Saint-Germain-en-Laye, Strasbourg et Toulouse) pour 1 100 places. Beaucoup restent forcément sur le carreau, avec parfois une déception tenace.

Celle-ci a été plus difficile encore à digérer l’année dernière où, en raison de la crise sanitaire, les règles du jeu ont été bouleversées au dernier moment par les IEP. Au lieu des épreuves écrites, les étudiants de la promo 2020 ont été sélectionnés sur leurs notes du lycée. Kenza, 19 ans, ne décolère pas : « C’est très frustrant de ne pas être jugé sur le véritable travail abattu pour le concours, sur ce qui est vraiment attendu en IEP ! ». Elle précise que la licence de droit où elle a été admise, à l’Académie de droit de l’université d’Aix-Marseille, lui plaît beaucoup. Elle se dit qu’elle retentera quand même sa chance en fin d’année.

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