C’est une petite révolution symbolique à laquelle sont confrontés cette année les candidats à Sciences Po Paris. En 2021, ils seront les premiers à expérimenter un concours entièrement réformé pour accéder à la prestigieuse école parisienne, plus que jamais sélective avec plus de 11 000 candidats à l’entrée en première année en 2019 pour 1 900 places.
Finies, les traditionnelles épreuves écrites disciplinaires (histoire, sciences économiques, philosophie et langues), ces dissertations et exercices sur table si représentatifs du concours « à la française », qui sont remplacés par un conséquent dossier, couplé d’un oral.
L’ambition est de « démocratiser » davantage l’accès à l’école, affirme Bénédicte Durand, directrice de la formation. L’établissement s’est fixé l’objectif de porter le taux de boursiers parmi ses étudiants de 25 % à 30 %, par un « renforcement de la discrimination positive ».
Trois textes à rédiger
Les candidatures se feront à présent sur Parcoursup, où l’ensemble des lycéens déposent leurs vœux d’admission post-bac : une évolution qui devrait « supprimer certaines barrières mentales qui privaient des jeunes de milieux modestes de venir à nous », espère l’école, qui prévoit une forte augmentation de son vivier de candidats. C’est sur cette plate-forme que doivent être déposés les trois éléments qui seront désormais pris en compte pour l’étape d’admissibilité, chacun donnant lieu à une note sur 20 : les résultats du candidat depuis la 2de, ses notes du bac (épreuves anticipées) et trois exercices rédactionnels. Destinés à évaluer le parcours, le projet et la qualité d’écriture, ces derniers comprendront un texte où le candidat devra décrire ses centres d’intérêt, un deuxième où il défendra sa motivation, ainsi qu’un « essai personnel » autour d’une thématique particulière (par exemple : parmi les personnes de votre entourage, dites celle qui vous a inspiré et pourquoi).
Mais l’ouverture sociale sera-t-elle vraiment favorisée, sachant que les lycéens ne bénéficieront pas de la même aide à la maison pour rédiger ces essais ? « Nous n’attendons pas un écrit standardisé mais un essai le plus authentique possible. S’il est fait avec l’aide d’un tiers ou d’une préparation extérieure, cela ne pourra que dénaturer l’exercice », répond Gabriela Crouzet, directrice des admissions. Pour Bénédicte Durand, cette réforme doit être justement l’occasion « de déconstruire les préjugés qui se sont accumulés autour d’un profil idéal de l’étudiant de Sciences Po, y compris chez nos examinateurs. Il faut faire passer aux lycéens le message qu’on leur demande d’être eux-mêmes, forts d’un parcours et d’un imaginaire personnel ».
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