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Jeunes diplômés : la France offre la deuxième meilleure employabilité au monde

Derrière les Etats-Unis et devant l'Allemagne, la France monte dans le classement des pays aux étudiants les plus recherchés par les recruteurs du monde entier. Parmi les raisons : la performance académique de son système atypique des grandes écoles.

France friends supporters at home
France friends supporters at home (Getty Images)

Par Ariane Blanchet

Publié le 19 nov. 2020 à 07:00

Avec la crise sanitaire qui assombrit les perspectives du marché de l'emploi, l'employabilité offerte par une université ou une école est peut-être en passe de devenir LE critère décisif de choix pour les étudiants, et pourrait bien bouleverser la hiérarchie des établissements d'enseignement supérieur dans le monde.

C'est en tout cas l'avis de 7 participants sur 10 à l'enquête du célèbre Times Higher Education (THE) menée par Emerging, qui a permis de classer les universités du monde en matière d'employabilité. Les établissements ont été notés par 9.000 employeurs répartis dans 22 pays différents en fonction d'un vaste panel de critères : sélection des étudiants, qualité des enseignants, savoir être professionnel, culture numérique, accent sur l'entrepreneuriat, localisation…

Bonne nouvelle : derrière les Etats-Unis et ses grandes universités indétrônables (le top 3 est occupé par California Institute of Technology, le MIT et Harvard), la France s'érige au second rang mondial. « Ce très bon score est tiré par la performance académique de ses grandes écoles, très majoritaires dans le classement France, et dont le format est particulièrement dédié à l'employabilité », explique Sandrine Belloc, senior manager chez Emerging. On comprend mieux pourquoi les étudiants et jeunes diplômés français sont plutôt confiants malgré la crise .

CentraleSupélec, première du classement France

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« La plupart des entreprises en difficulté disent maintenir quand même leur flux de recrutements des jeunes ingénieurs. Même celles qui ont connu un coup d'arrêt dans leurs activités », nous expliquait Romain Soubeyran, directeur de CentraleSupélec, le mois dernier . Et il ne croyait pas si bien dire : CentraleSupélec est la grande gagnante du classement France, forte d'un bond de 22 places en un an. Il faut peut-être y voir le fruit d'une fusion réussie entre Centrale et Supélec, totalement finalisée à la rentrée 2018.

Et si l'école d'ingénieurs double les établissements qui caracolent habituellement en tête du classement - HEC, Polytechnique, l'ENS Ulm, l'Emlyon et les Mines, ces derniers conservent néanmoins leur position dans le top 40 mondial.

Made with Flourish

Derrière eux, trois écoles françaises accusent une chute : l'école des Ponts-ParisTech (-8), l'école Centrale de Lyon (-11) et surtout Télécom Paris (-27). Mais cette école d'ingénieurs a de beaux jours devant elle : en octobre 2019, elle a déménagé au plateau de Saclay et fait désormais partie du réseau de l'Institut Polytechnique de Paris, dont elle pourrait fortement bénéficier à l'avenir.

A noter la bonne surprise du classement : les Arts et Métiers font la meilleure progression (+ 32 places par rapport à 2019), et entrent ainsi dans le top 150 monde.

Un podium voué à évoluer

Toutefois, « l'excellent score de la France est à relativiser, car on voit des systèmes d'enseignement supérieur progresser très fortement sur le critère de l'employabilité, comme en Allemagne et en Asie. La place des Etats-Unis est fragile et le classement se diversifie avec un record de 32 pays dans le top 150, contre 24 en 2010 », nuance Sandrine Bulloc.

Made with Flourish

C'est qu'avec la crise sanitaire, certains leviers de l'employabilité ont encore gagné en importance, à savoir la bonne performance digitale de l'étudiant mais aussi la collaboration étroite entre les entreprises et les établissements. Ces aspects sont particulièrement bien maîtrisés par les pays qui montent dans le classement, comme l'Allemagne, la Chine, en Corée du Sud et l'Inde.

A contrario, la France est le seul pays dont le levier principal d'employabilité est la « performance académique ». Celle-ci repose essentiellement sur le système des grandes écoles avec la sélection difficile des étudiants, l'excellence des travaux de recherche et la qualité du personnel enseignant.

Si ce levier lui assure pour le moment la seconde place, il faudra voir comment cela évolue à l'avenir : « Seuls cinq établissements français sont entrés dans le classement depuis 2010, contre onze pour l'Allemagne », précise Sandrine Bulloc.

Ariane BLANCHET

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