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Covid: le transport routier à son tour pénalisé par la crise

Alors que le marché avait connu récemment une quasi-pénurie de capacités de transport et de chauffeurs routiers, la crise du Covid-19 contribue à inverser la tendance. Un signe avant-coureur de défaillances d'entreprises.

Seulement un tiers des prestataires de transport routier attendent une croissance de leur activité au cours des prochains mois, et 35 % anticipent une récession, selon bp2r.
Seulement un tiers des prestataires de transport routier attendent une croissance de leur activité au cours des prochains mois, et 35 % anticipent une récession, selon bp2r. (Jacques Witt/SIPA)

Par Denis Fainsilber

Publié le 19 nov. 2020 à 11:00Mis à jour le 19 nov. 2020 à 16:35

La plupart des grandes entreprises hexagonales ont beau continuer à tourner, au moins en plus grande proportion que pendant la première phase de confinement, le transport routier de marchandises est à son tour rattrapé par la crise du Covid-19. Et la poussée actuelle du e-commerce n'est a priori qu'un feu de paille pour la profession, privée de certains de ses débouchés traditionnels.

« Le coronavirus a provoqué un écroulement des volumes transportés», selon une étude livrée par bp2r, cabinet de conseil en transport et en chaîne d'approvisionnement à l'échelle européenne (un sondage mené en octobre dernier auprès de 191 entreprises du transport routier ou multimodal). Au cours des neuf derniers mois, 54 % des répondants affirment ainsi avoir encaissé une récession des volumes transportés, dont 34 % un recul annuel supérieur à 5 %. Soit la plus forte proportion enregistrée en dix ans, relève bp2r. Un an plus tôt, les prestataires interrogés étaient beaucoup moins nombreux à faire ce constat.

Alors que les années récentes étaient surtout marquées en France par un manque de chauffeurs qualifiés ou de capacités pour transporter les marchandises de point à point, l'année en cours marque une forte inversion de tendance, qui renvoie aux vaches maigres de la période 2012-2013, relève le cabinet. Interrogés sur leur capacité à atteindre cette année les volumes fixés initialement, les prestataires sont 69 % à répondre « non », contre 41 % l'an dernier à pareille époque. Le confinement en deux phases, non prévues à l'avance, ainsi que la fermetures de nombreux magasins, ont semé un certain désordre dans la « supply chain », particulièrement pour les transports «BtoB», soit les biens intermédiaires livrés d'entreprise à entreprise.

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La surcapacité émerge

Avec une conjoncture aussi imprévue et adverse, « les prestataires de transport ne sont plus que 33 % à s'attendre à une croissance de l'activité ces prochains mois, tandis que 35 % anticipent une récession. De tels niveaux nous ramènent en 2012, au plus fort de la crise économique». Conséquence directe pour les camions en circulation : «pour la première fois depuis 2016, les transporteurs sont plus nombreux à faire état d'une situation de surcapacité que de sous-capacité », notent les auteurs. « La crise du Covid semble accompagner, sinon provoquer, un retour à une situation d'excès d'offre, plus palpable après la rentrée 2020 », poursuit l'étude de conjoncture.

Du coup, après six années très correctes, les grands leviers de croissance de la profession semblent grippés pour un bon moment. Sur le plan des investissements en véhicules, 68 % des répondants n'ont aucune intention d'accroître leur parc de camions au cours des 6 prochains mois, et 26 % « très peu ». Un duel à couteaux tirés attend les constructeurs de poids lourds... Quant aux recrutements de chauffeurs, hier si importants, 52 % des répondants ne prévoient pas de recruter de main d'oeuvre dans les six prochains mois, tandis que 10 % sont d'un avis contraire. Et sur le plan des tarifs de transport, bonne nouvelle pour les clients chargeurs, face à l'effondrement des volumes à livrer, « les transporteurs vont chercher à limiter leurs augmentations tarifaires hors gazole, à 1,66 % en moyenne, pour les 12 prochains mois ». Un point bas par rapport aux années précédentes.

Livraisons chez les consommateurs

Autre question d'actualité: comment se positionner sur les livraisons directement chez les consommateurs (BtoC), très en vogue actuellement ? Hormis les transporteurs déjà spécialisés sur ce segment, beaucoup d'autres restent à l'écart de cette opportunité de marché, au moins à court terme. Car elle suppose pour les entreprises des choix radicaux en termes d'investissement sur des petits véhicules et des motorisations propres (électriques, GNV). Des flottes spécialisées sur le « dernier kilomètre », qui s'achètent longtemps à l'avance.

Denis Fainsilber

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