Equis, AACSB, AMBA-MBM, PRME, BSIS… Que valent ces labels que les écoles exhibent avec fierté comme autant de décorations sur la poitrine d’un maréchal sud-américain? Et surtout, à quoi servent-ils? «Ces regards extérieurs sont des leviers qui poussent l’école à s’améliorer. Ils rassurent aussi les prescripteurs, c’est-à-dire les parents, ainsi que les étudiants étrangers», répond Thomas Allanic, directeur de l’Inseec.

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Le ministère de l’Enseignement supérieur peut accorder aux écoles françaises le visa et le grade de master (détenues par les écoles de notre classement). En outre, l’État peut délivrer à certaines le label de l’EEPSIG, qui garantit que les établissements privés à but non lucratif contribuent à une «mission d’intérêt général». Mais ce sont les labels internationaux, plus exigeants, qui se révèlent indispensables pour faire carrière à l’étranger, tant universitaire que professionnelle.

L’EFMD attribue aussi le label EFMD Accredited

Le label américain AACSB, le plus ancien, évalue les programmes dans le domaine du management. En France, 25 écoles peuvent s’en prévaloir. Equis (European quality improvement system) est une certification équivalente à l’AACSB, mais elle est délivrée par une instance européenne, l’EFMD (fondation européenne pour le développement du management). Elle labellise 190 institutions (dont 22 Françaises) dans 45 pays. Attention: l’EFMD attribue aussi le label EFMD Accredited (anciennement Epas), qui ne concerne que des formations, pas des écoles, contrairement à Equis.

Le label PRME est un label promu par l’ONU

L’AMBA (association des MBA), lui, est un label britannique à portée internationale. Parmi les 275 écoles réparties dans 57 pays qui l’ont obtenu, 25 sont françaises. D’autres labels ne mesurent pas la qualité d’une école, mais son degré d’implication face à une problématique sociétale. Ainsi, le label Lucie regroupe les organisations qui veulent «rendre ce monde plus juste et plus respectueux des hommes et du territoire». Idem pour le label PRME, un label promu par l’ONU qui vise à «améliorer la visibilité de la durabilité dans les écoles du monde entier». Le label BSIS mesure les impacts des écoles de management sur leur environnement régional. Quant au DD-RS, il valorise les démarches de développement durable. Des labels qui ne garantissent pas la qualité d’une école, mais utiles pour ceux qui veulent donner du sens à leur scolarité.

La «triple couronne» AACSB, AMBA et Equis coûte plus de 100 000 euros

Qu’ils soient qualitatifs ou sociétaux, ces labels s’obtiennent grâce à un parcours du combattant long et complexe. «Pour l’AACSB, par exemple, il dure deux à trois ans, explique Elian Pilvin, DG de l’EM Normandie, et inclut les étapes de pré-audit, diagnostic, attribution d’un conseiller technique, des rapports de progression, et un jury de trois personnes qui viennent sur le campus pour rencontrer les dirigeants, les professeurs, les élèves et les anciens élèves et les entreprises partenaires.» Un processus onéreux (l’EM Normandie a dû recruter 5 personnes pour son service qualité et accréditations), qui explique que la labellisation est aussi un business. À titre d’exemple, la «triple couronne» AACSB, AMBA et Equis coûte plus de 100 000 euros, auxquels s’ajoutent les cotisations annuelles.

Si le candidat parle des labels de l’école où il postule lors de son oral, cela peut flatter le jury 

Paul Burin des Roziers, en première année de master à Audencia

Les étudiants sont-ils vraiment sensibles à ces labels obtenus à prix d’or? Pas sûr. «Quand je me suis renseigné sur les écoles, j’ai surtout regardé leur classement, et j’avoue que leurs labels ne m’intéressaient pas vraiment», reconnaît Maxence, élève à l’Inseec Bordeaux. À noter qu’il peut être utile de les mentionner pendant les concours. «Si le candidat parle des labels de l’école où il postule lors de son oral, cela peut flatter le jury», souligne Paul Burin des Roziers, en première année à Audencia. Il est vrai que même les maréchaux sud-américains apprécient que l’on connaisse la valeur de leurs décorations.