C’est l’histoire d’une métamorphose qui fait rêver tout un secteur. En 2006, l’énergéticien danois Dong était encore un des plus gros consommateurs de charbon, en Europe du Nord : 83 % de l’énergie qu’il produisait provenait de carburants fossiles. Quatorze ans plus tard, le groupe, rebaptisé Orsted, s’est imposé comme le leader mondial de l’éolien maritime, avec 25 % des parts de marché et une production issue à 86 % de sources renouvelables.
En janvier 2020, le cabinet canadien Corporate Knights, spécialiste de la responsabilité sociale des entreprises, l’a sacré « société la plus durable » du monde – sa reconversion lui a permis de diviser par dix ses émissions de CO2 entre 2006 et 2019. Le 30 janvier 2020, son PDG, Henrik Poulsen, a annoncé que la compagnie visait la neutralité carbone d’ici à 2025, notant que la transition « n’avait pas été facile mais nécessaire » et qu’il n’y avait « plus de temps à perdre » pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré.
Des dirigeants convaincus par le renouvelable
Pour l’énergéticien, l’aventure de l’éolien a débuté en 1991. Dong Energy inaugure alors le premier parc offshore du monde dans les eaux danoises. Constitué de onze petites turbines, le parc Vindeby – démantelé en 2017 – produisait 450 kilowatts, soit de quoi couvrir la consommation en électricité de 2 200 maisons. S’il s’agit d’un beau coup, le charbon et le pétrole resteront pendant des années le cœur de métier de l’entreprise.
C’est d’ailleurs pour exploiter les hydrocarbures en mer du Nord que l’Etat danois avait créé Dong, en 1972. L’objectif était alors d’assurer l’indépendance énergétique du royaume à l’égard du Moyen-Orient. Trois décennies plus tard, à la faveur de multiples fusions, le groupe est devenu un des plus gros producteurs d’énergie en Europe du Nord.
Mais pour ses dirigeants, convaincus que l’avenir est dans le renouvelable, ce n’était pas suffisant. En 2008, un an avant la conférence internationale sur le climat (COP15) à Copenhague, le patron de Dong annonce un virage stratégique. Dans les années qui suivent, l’entreprise renonce à plusieurs projets de centrales à charbon, convertit celles qui existent à la biomasse, investit massivement dans l’éolien et cède ses actifs gaziers et pétroliers.
Un catalogue diversifié
En quête de capitaux, Dong se tourne vers la banque américaine Goldman Sachs, qui prend une participation de 17,9 % (pour 1,2 milliard de dollars, soit 1 milliard d’euros), non sans susciter une polémique qui déstabilise la coalition au gouvernement.
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