Faire du Royaume-Uni « l’Arabie saoudite de l’éolien ». Avec son habituel langage fleuri, Boris Johnson a dressé mardi 17 novembre une vision ambitieuse pour l’avenir énergétique du Royaume-Uni : le premier ministre britannique veut faire de son pays un acteur incontournable de cette technologie, pariant en particulier sur l’éolien offshore, dont il entend multiplier la capacité par quatre d’ici à 2030, pour atteindre 40 gigawatts. « Dans dix ans, nous produirons assez d’électricité éolienne offshore pour fournir la consommation de tous les ménages du pays [soit environ le tiers de la consommation d’électricité totale, le reste allant à l’industrie et aux commerces] », assure M. Johnson.
Contrairement à de nombreuses autres promesses du leader britannique, celle-ci ne semble pas farfelue. « L’industrie éolienne pense que c’est réalisable », estime Simon Evans, de Carbon Brief, un site britannique indépendant d’analyse des données énergétiques.
Le succès de ces dix dernières années le prouve : la capacité installée a été multipliée par huit, à 10,5 gigawatts. Cela fait du Royaume-Uni le leader mondial de l’éolien offshore. En 2019, 10 % de l’électricité britannique est venue de cette source, permettant de porter la part du renouvelable à 37 % (le reste est constitué d’éolien terrestre, de solaire et de biocarburants).
Un secteur désormais concurrentiel
La géographie du Royaume-Uni est bien sûr un avantage évident. Le pays possède quelque 12 000 kilomètres de côtes et – comme le disent les technocrates – il a d’immenses « réserves » de vent. En clair, ça souffle fort. Les fonds marins peu profonds sont également essentiels, puisque permettant de fixer les pylônes des éoliennes sans trop de difficultés. La politique de soutien active des gouvernements britanniques successifs depuis 2002 a fait le reste.
Aujourd’hui, les éoliennes bénéficient d’un prix de l’électricité garanti à l’avance, ce qui permet aux investisseurs de ne prendre pratiquement aucun risque. Un système astucieux de mise aux enchères inversée a aussi permis de faire progressivement baisser le prix de la construction. A chaque fois que le gouvernement met en vente un contrat garantissant le prix de l’électricité, il fixe un plafond, qu’il ne dépassera pas, et il invite les entreprises à proposer le prix le plus bas possible. « Cela a permis de stimuler la concurrence, forçant les entreprises à baisser leur base de coûts », explique M. Evans.
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