Pas un matin sans qu’un ou plusieurs agents ne manquent à l’appel. Lundi 2 novembre, cinq soignants touchés par le Covid-19 ont déposé un arrêt de travail. François Vérot, directeur de la maison de retraite de Beaux (Haute-Loire), a rappelé des salariés en vacances, embauché une salariée d’une agence de voyages au chômage partiel et un technico-commercial en recherche d’emploi : deux recrues qui « n’avaient jamais mis les pieds » dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et qu’il a affectées « à l’aide aux repas et à la marche ». « En vingt-deux ans de carrière, je n’ai jamais vu une situation pareille », soupire M. Vérot. Bien que contaminé lui-même par le virus, il a servi les repas en chambre aux résidents « en unité Covid » pour suppléer ses personnels absents.
Jamais le besoin de renfort n’a été aussi grand dans le secteur du grand âge. Salariés absents après avoir été testés positifs, manque de « bras » pour désinfecter les locaux ou encadrer les visites, arrêts maladie dus à la fatigue et au traumatisme de la première vague… La pénurie chronique de personnels s’est accrue depuis la deuxième vague épidémique.
Ces ASH apprendront « à réaliser des soins pour assister les aides-soignants dans certaines de leurs missions », assure le ministère de la solidarité et de la santé
Depuis le lancement début octobre par Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l’autonomie, d’une campagne de recrutement pour les métiers du grand âge, Pôle emploi a recensé 17 000 offres d’emploi dont 11 000 en structures à domicile et 6 000 en Ehpad. « Il n’y a pas de solution magique, mais nous activons tous les leviers pour répondre aux besoins », a promis le 19 novembre Mme Bourguignon.
Pour faire face à l’urgence, le gouvernement s’apprête à lancer des « formations rapides » pour les personnels en Ehpad et les demandeurs d’emploi. Une mini-révolution dans la profession. Depuis des années, la plupart des Ehpad confient des tâches d’aides-soignants (AS) à des agents de service hospitalier (ASH), préposés en théorie uniquement à l’entretien. Ces ASH font fonction d’aide-soignant sans avoir de qualification spécifique.
Pour la première fois, le ministère prévoit une « formation de deux semaines » pour les agents ayant trois mois d’ancienneté minimale. Ces ASH apprendront « à réaliser des soins pour assister les aides-soignants dans certaines de leurs missions », assure au Monde le ministère de la solidarité et de la santé. « Le dispositif doit encore faire l’objet d’une concertation avec les acteurs du secteur », précise toutefois l’entourage de Mme Bourguignon.
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