Ce sont trois lettres inconnues du grand public : C-M-I. Dans le maquis des formations présentes sur Parcoursup, ce sigle, encore nouveau, peine à émerger. Il existe pourtant aujourd’hui 102 cursus master en ingénierie (CMI) dans 30 universités. Soit environ 4 500 étudiants qui suivent ces formations en cinq ans après le bac menant notamment au métier d’ingénieur. A l’instar des collèges de droit dans les facs juridiques, ces CMI, différents des écoles d’ingénieurs, sélectionnent sur dossier et entretien. Ils permettent de suivre une licence et un master ainsi qu’environ 20 % d’enseignements supplémentaires sur la connaissance de l’entreprise, le management, et d’effectuer un stage par an.
C’est ce qui a plu à Sophie Mazzoli, aujourd’hui en dernière année du CMI immunologie à Aix-Marseille Université. « Je souhaitais faire des études scientifiques, mais je n’avais pas envie d’aller en prépa, je n’avais pas l’esprit de compétition. Je ne voulais pas faire médecine non plus. Quand j’ai découvert le CMI, je me suis dit que ça se tentait. Et en cas d’échec, je pouvais retourner en licence classique sans difficultés. »
« C’est une manière de se rapprocher du modèle américain des formations en ingénierie », selon Yves Berthaud, coresponsable du premier CMI créé
L’idée de ces formations, à cheval entre la fac de sciences et l’école d’ingénieurs, a germé il y a une dizaine d’années après un rapport du physicien Robert Chabbal. Yves Berthaud, coresponsable avec Hélène Dumontet du premier CMI créé (mécanique à Sorbonne Université), a fait partie des discussions : « L’idée, qui n’a pas changé, était de proposer une formation à l’ingénierie plus spécialisée que les écoles d’ingénieurs généralistes, avec des enseignements d’ouverture sur le monde de l’entreprise et l’international, ainsi qu’un contact étroit avec les laboratoires de recherche. C’est une manière de se rapprocher du modèle américain des formations en ingénierie. » En 2012, le Réseau Figure, qui rassemble et labellise les CMI, a reçu 10 millions d’euros de l’Etat pour développer ces formations, dans le cadre d’un appel à projets du programme d’investissements d’avenir Initiatives d’excellence en formations innovantes (Idefi).
Immunologie, énergie hydrogène, acoustique… Les CMI sont ainsi bien plus pointus que les formations d’ingénieurs classiques. « Les étudiants travaillent sur des projets en lien avec les laboratoires dès la première année. La recherche est aussi une pédagogie, une manière d’apprendre autrement, d’explorer, de se tromper, de se nourrir des erreurs », souligne Lamine Boubakar, président du Réseau Figure.
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