Zoom sur la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

Zoom sur la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

25 novembre 2020
Cinéma
Photographies de Michel Denancé - Coll. Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Photographies de Michel Denancé - Coll. Fondation Jérôme Seydoux-Pathé 2014 - RPBW
Créée en 2006, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé est installée depuis 2014 dans le sud de Paris. État des lieux avec sa présidente, Sophie Seydoux.

Au 73, avenue des Gobelins (Paris, 13e arrondissement) se dresse, niché entre deux immeubles, l’ancien théâtre des Gobelins avec sa façade conçue par Auguste Rodin – inscrite aux Monuments historiques. C’est là, au milieu du jardin intérieur, en 2010, qu’ont commencé les travaux du bâtiment flambant neuf de la Fondation Jérôme Pathé-Seydoux, ouvert au public le 10 septembre 2014. Conçu par l’architecte italien Renzo Piano, c’est une immense coque de cinq étages, recouverte de 5 000 volets protecteurs. Une impressionnante construction où la modernité – l’acier – le dispute à l’ancien – le bois. À la tête de la Fondation depuis 2006, Sophie Seydoux, l’épouse de Jérôme Seydoux, fait le bilan de bientôt quinze ans de présidence.

La Fondation a été créée en 2006. Quelle en fut l’origine ?

Sophie Seydoux Thomas Lang/DR

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé a été créée pour accueillir un patrimoine inestimable : l’ensemble des archives Pathé. Tout a été conservé depuis la création de la société en 1896 ; pas simplement des films, mais également des archives juridiques, les livres de comptabilité, d’inventaire, les scénarios et le matériel iconographique. La Fondation raconte l’histoire du cinéma à travers l’histoire d’une société. En la créant, mon mari et moi avons décidé de pérenniser ce fonds, de le transmettre et de le valoriser tout en le mettant à disposition du public.

La Fondation a été d’emblée reconnue d’utilité publique. En quoi est-ce important ?

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé est la seule fondation reconnue d’utilité publique dédiée au cinéma. Cela implique une donation complète sur laquelle il n’est plus possible de revenir, ce qui protège et pérennise ses archives. Si la Fondation disparaissait, l’ensemble de ses avoirs reviendraient à la Fondation de France.

Que s’est-il passé entre 2006 et 2014, date de l’emménagement de la Fondation avenue des Gobelins ?

On a commencé en montant un centre de recherche dans les locaux de Pathé. De là, nous avons réfléchi à la construction de l’édifice, avec en tête l’idée principale d’y montrer des films muets et d’aménager un espace pour les chercheurs et pour les expositions. Nous avons acquis un ancien théâtre devenu cinéma, avenue des Gobelins, puis travaillé avec l’architecte Renzo Piano qui a imaginé le bâtiment. Cela a pris environ cinq ans pour avoir le permis de construire et finaliser les travaux. Tout a été financé par le capital de la Fondation, sans aucune subvention de l’État.
 
Vous proposez des séances de patrimoine, des ateliers pour enfants et adultes, des expositions (permanentes et temporaires), des consultations d’archives... Qu’est-ce qui attire le plus les gens ?

Incontestablement les séances de cinéma muet et les ateliers pour enfants. Ces derniers, au nombre de deux par semaine pour les scolaires, sont remplis dès l’ouverture des inscriptions. Un troisième atelier, le samedi matin, s’adresse à tous les publics.
 
Combien de films muets montrez-vous par semaine ?

Chaque semaine, une dizaine de films muets est projetée. Les films sont toujours accompagnés au piano par la classe d’interprétation de Jean-François Zygel et, dans la mesure du possible, projetés en 35 mm. Nous organisons également une séance de cinéma parlant par semaine.

Salle de cinéma de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé - Photographies de Michel Denancé - Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé 2014-RPBW

 
La vocation de la Fondation est par ailleurs la restauration de votre catalogue. À quel rythme et dans quel volume ?

En règle générale, nous restaurons cinq à six films muets par an, avec des exceptions : une restauration comme celle de La Roue d’Abel Gance (1923), film qui dure sept heures, nous a pris cinq ans ! Cette année, nous avons restauré La Femme et le Pantin de Jacques de Baroncelli (1929), qui a été présenté au festival de L’Immagine Ritrovata à Bologne et au Festival Lumière à Lyon. Nous avons également restauré trois films d’André Antoine en collaboration avec la Cinémathèque française, ainsi que deux films de Georges Méliès issus de notre catalogue, en vue de l’ouverture du musée Méliès à la Cinémathèque française. En 2021, nous prévoyons de restaurer Belphégor d’Henri Desfontaines (1927), un film en quatre épisodes qui va accaparer une bonne partie de notre budget. Je remercie d’ailleurs le CNC dont l’aide a été déterminante dans la restauration du patrimoine cinématographique français.
 
Six ans se sont écoulés depuis l’ouverture. Quelles choses devez-vous améliorer et quelles innovations éventuelles comptez-vous apporter ?

L’enthousiasme de l’équipe est toujours aussi fort. Nous sommes déterminés à attirer un public plus varié. En janvier prochain, si le contexte le permet, nous allons ouvrir un nouvel espace, que nous finissons d’aménager, où il y aura un café et une salle de consultation de films et de livres pour tous les publics. Nous y proposerons par ailleurs un atelier multimédia à destination des adolescents, qui tournera autour du bruitage et de l’environnement sonore des films parlants.