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« Il faut montrer qu’on est un “bon pauvre”, prouver qu’on n’a vraiment plus un sou » : à Lyon, la précarité étudiante renforcée par le Covid

Un an après la tentative d’immolation d’Anas K. pour dénoncer sa précarité, l’université de sciences sociales Lyon-II assiste à la paupérisation des étudiants.

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Publié le 27 novembre 2020 à 10h38, modifié le 28 novembre 2020 à 12h37

Temps de Lecture 5 min.

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L'épicerie solidaire Agorae sur le campus universitaire de La Doua, à Villeurbanne, le 4 novembre.

« Un acte désespéré » : c’est par ces trois mots qu’Anas K., étudiant de 23 ans, qualifie son geste, un an après. Le 8 novembre 2019, après s’être aspergé d’essence, il tentait de s’immoler pour dénoncer la précarité de ses conditions de vie devant « un lieu politique », le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de Lyon.

Un an plus tard, dans un message posté sur Facebook, il a donné de ses nouvelles. Sorti du coma après cinq mois, Anas est brûlé au troisième degré et subit encore de multiples opérations. L’étudiant s’est réinscrit, à distance, en deuxième année de science politique à l’université Lyon-II, filière qui fut déjà la sienne trois années de suite. Ce triplement de la deuxième année de licence avait eu pour conséquence de suspendre ses droits à la bourse mensuelle de 450 euros qu’il touchait jusqu’alors. A la rentrée, sa demande d’aide d’urgence auprès du Crous était restée sans suite.

Son amie Laëtitia se rappelle du choc que ce refus avait provoqué. « On lui a répondu qu’il avait suffisamment d’argent sur son compte pour tenir. Pour une aide d’urgence, il faut montrer qu’on est un bon pauvre, prouver qu’on n’a vraiment plus un sou », lâche-t-elle.

Douze mois après la tentative de suicide d’Anas K., quelques lignes ont bougé. Le ticket de « restau-U » est passé à 1 euro pour les boursiers, au lieu de 3,30 euros en cette rentrée. Au printemps, les loyers des résidences universitaires ont été gelés durant la période du premier confinement, et le montant des bourses augmenté de 12 à 67 euros par an selon les échelons, soit 1,2 %. En décembre, enfin, une aide de 150 euros sera délivrée aux boursiers.

Saluées, ces mesures ont cependant vite semblé un peu « courtes » pour répondre à un phénomène durable de paupérisation d’une partie de la population étudiante. « Nos établissements font des demandes de moyens supplémentaires chaque année mais aucune politique de long cours n’a été mise en place, regrette Nathalie Dompnier, présidente de Lyon-II. L’appauvrissement s’aggrave, l’insuffisance des services de santé est toujours préoccupante… En face, nous n’avons que des politiques de réaction à des chocs. »

«  Une grande difficulté matérielle »

Avec la crise sanitaire, la soupape des petits boulots a lâché, alors que 40 % des étudiants en licence à Lyon-II comptent habituellement sur cette ressource financière, auxquels il faut ajouter ceux qui travaillent sans être déclarés. « Quelle est la différence entre un étudiant de prépa et un étudiant en sciences sociales à l’université ? illustre Romain Meltz, enseignant au département d’anthropologie, sociologie et science politique. Les deux travaillent beaucoup. Mais celui de la fac doit bosser comme veilleur de nuit dans un hôtel ou comme serveur dans un bar. Le Covid-19 a eu un effet monstrueux en privant nos étudiants de cette source de revenus. »

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