Cela fait un mois que ça dure, et Fatou (qui n’a pas souhaité donner son nom) commence à perdre patience. Cette mère a un fils en situation de handicap, scolarisé en CE2 dans une classe « ULIS » (unités localisées pour l’inclusion scolaire) à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). En principe, son fils devrait être pris en charge dans une classe spécialisée. Mais l’enseignante de la classe, considérée comme personne vulnérable, ne reviendra pas avant le 15 décembre.
Le fils de Fatou a été alternativement pris en charge en UPE2A, la classe d’accueil pour les enfants allophones, et en CM1, « parce qu’il n’y a plus de place en CE2, vu que d’autres enseignantes de ce niveau sont personnes vulnérables ». D’autres enfants de la classe sont restés chez eux tout le mois de novembre, affirme-t-elle, car l’inclusion à 100 % était inenvisageable en raison de leur handicap.
La crise du Covid-19 met le système éducatif à rude épreuve à plus d’un titre : après les polémiques sur le respect des consignes sanitaires dans les classes et les cantines ainsi que le rôle de l’école dans la circulation du virus, la problématique du remplacement des enseignants absents a émergé dans les écoles et les salles des profs, cet automne, en particulier après que les critères définissant les « personnes vulnérables » ont été élargis, début novembre. Cela a augmenté le nombre d’enseignants absents.
Embauche de contractuels
Les « personnes vulnérables » formeraient 8 % à 9 % des effectifs de l’éducation nationale, assure-t-on rue de Grenelle, soit entre 70 000 et 80 000 fonctionnaires. Certes, tous ne sont pas absents – certains choisissent, par exemple, d’assurer leurs cours avec des masques FFP2, précise le ministère. Si l’on considère que l’institution dispose d’un vivier de 80 000 professeurs remplaçants, le compte est trop juste : aux personnes vulnérables s’ajoutent, en effet, les enseignants qui attrapent le Covid, ou sont désignés comme « cas contact », ainsi que les absences pour d’autres motifs.
Pour faire face à ce problème, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé, à la mi-novembre, l’embauche de remplaçants contractuels supplémentaires, jusqu’aux vacances de février. Ils seront 6 000 enseignants pour le premier degré, et 8 000 assistants d’éducation (AED) pour les collèges et lycées, a confirmé l’éducation nationale fin novembre.
Il vous reste 64.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.