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Forte crispation sur l'insertion professionnelle des apprentis

Nombre de centres de formation d'apprentis rejettent les statistiques que le ministère du Travail s'apprête à publier sur leurs résultats.

La réforme de l'apprentissage de 2018 impose que les taux de réussite de tous les CFA soient publiés chaque année pour éclairer l'orientation des jeunes.
La réforme de l'apprentissage de 2018 impose que les taux de réussite de tous les CFA soient publiés chaque année pour éclairer l'orientation des jeunes. (iStock)

Par Alain Ruello

Publié le 30 nov. 2020 à 17:30

Les relations entre les centres de formation d'apprentis (CFA) et le ministère du Travail - leur ministère de tutelle - sont pour le moins compliquées. Après la bataille pour le maintien de leurs ressources financières jusqu'à la rentrée 2022, un autre vent de contestation a pris de l'ampleur ces derniers jours. Compagnons du Devoir et du Tour de France, CCCA-BTP ou encore Fédération nationale des directeurs de CFA (Fnadir) : plusieurs grands réseaux sont vent debout contre les statistiques que le ministère publiera, mi-décembre normalement, sur leur… efficacité.

Taux d'obtention des diplômes, taux de poursuite d'études, d'interruption en cours de cursus, d'insertion professionnelle, de rupture des contrats ou encore valeur ajoutée - une notion qui permet de mesurer l'apport du centre de formation en fonction du profil des jeunes qu'il recrute et de l'état du marché du travail local : la réforme de l'apprentissage de 2018 a imposé que soient rendus publics chaque année les résultats de chaque CFA, de sorte que chaque jeune ou sa famille puisse faire son choix d'orientation en connaissance de cause.

Rupture de méthode

C'est tout l'objet du travail effectué depuis deux ans par les services statistiques de ministères du Travail et de l'Education nationale (Dares et Depp). Avec un grand changement au passage puisque l'enquête précédente - déclarative, chronophage et limitée dans le pourcentage de répondants - a laissé la place à une analyse plus fine tirée des données de la DSN (déclaration sociale nominative) et de la base élève de l'Education nationale.

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Las, à en croire nombre de CFA, les résultats ne refléteraient pas la réalité. La mesure du taux de rupture notamment fait débat, mais pas seulement. Celle du taux d'abandon en cours de formation désavantagerait beaucoup plus qu'avant les sections à faibles effectifs. Plus globalement, la méthodologie utilisée est critiquée par son manque de transparence.

Les désaccords dépassent le cas de tel ou tel centre. C'est l'image de l'apprentissage qui est en jeu : la compilation nationale des chiffres montre en effet que le taux d'insertion professionnelle des jeunes qui suivent cette voie est élevé, mais moins élevé que ce que les chiffres publiés jusque-là montraient, ce qui n'est sans doute pas étranger à la crispation dans les rangs sans pour autant qu'on puisse en mesurer l'ampleur exacte.

Lancement confirmé

« Certains ont reçu leurs chiffres, d'autres non. Le plus complexe c'est de comprendre la méthode : les termes utilisés sont très techniques », critique la présidente de la Fnadir, Roselyne Hubert pour qui « il manque un temps d'échange ». « La publication de ces éléments, même avec des explications, risque d'avoir des conséquences désastreuses pour la réforme alors même que les effectifs résistent plutôt bien », malgré la crise, abonde-t-on dans le milieu du BTP.

Prise au dépourvu par cette montée de contestation, la Dares rétorque qu'une première présentation a eu lieu en juillet 2019, suivie en décembre d'une première consultation. Fin février de cette année, une présentation plus aboutie a eu lieu, complétée par une autre le 9 octobre dernier avant, donc, la transmission des résultats, en novembre.

A minima, un gros travail d'explication s'impose entre les deux camps d'ici au 17 décembre, date retenue pour le lancement officiel du site Internet. Pas question en effet, fait-on savoir à la Dares, de repousser l'échéance à février 2021, comme l'a demandé le secrétaire général des Compagnons du Devoir, Jean-Claude Bellanger, dans une dépêche publiée par l'agence AEF.

Alain Ruello

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