Comment réduire efficacement les inégalités ? Comment s’assurer que les plus défavorisés ne soient pas les grands oubliés de la reprise, et corriger au mieux les écarts de revenus ? Dès la sortie de crise, ces questions se poseront avec une acuité particulière aux gouvernements, alors que la récession sans précédent engendrée par la pandémie se traduit, déjà, par une explosion de la pauvreté.
Pour aider à formuler les réponses adaptées, deux chercheurs de France Stratégie, centre de réflexion placé auprès du premier ministre, ont publié, mercredi 2 décembre, une note passant au crible la façon dont notre modèle social corrige les inégalités et les pistes pour le renforcer. Leur constat initial, se basant sur les données Eurostat d’avant le Covid-19, fait consensus : « La France apparaît relativement égalitaire en comparaison avec les autres pays européens », écrivent Julien Rousselon et Mathilde Viennot, du département politiques sociales de France Stratégie.
C’est notamment vrai pour les inégalités de revenus primaires, c’est-à-dire avant la redistribution par les impôts et les transferts sociaux – mais ici, les chercheurs ont choisi de prendre en compte les prestations de retraite dans les revenus, ce que ne font pas d’autres études. L’indice de Gini, mesurant le niveau de ces inégalités (1 représentant le seuil d’inégalité le plus extrême), est ainsi de 0,374, inférieur de 1,7 % à la médiane européenne. Cela signifie que les inégalités sont inférieures à celles de 19 des 29 pays européens étudiés.
Modèle nordique
Motif : les écarts de revenus d’activité et de patrimoine restent modérés chez nous. En dépit d’un taux de chômage relativement élevé, la France compte en outre moins d’inactifs que certains pays du sud de l’Europe, où beaucoup de femmes au foyer et de chômeurs découragés sont sortis du marché du travail.
Second constat : la redistribution française corrige relativement bien ces inégalités primaires : « La redistribution fait baisser de 24,8 % l’indice de Gini, contre 22,6 % en médiane européenne, ou 17 % en Italie. » Toute la question est de savoir à quoi tient l’efficacité de notre système : à la générosité des prestations, ou bien à leur ciblage ? A la progressivité des prélèvements obligatoires, ou à leur volume ?
« Contrairement aux idées reçues, la France n’est pas la championne européenne de la redistribution », soulignent d’abord les auteurs. Les prestations en espèces (hors retraite) et les prélèvements obligatoires y représentent en effet 43,7 points du revenu primaire : c’est plus que la médiane européenne (41 points), mais moins qu’au Pays-Bas (48 points) ou au Danemark (57 points).
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