En septembre, Vitalina Dragun, apprentie sociologue, aurait dû commencer six mois d'enquête entre Paris, Londres et Moscou. A cause de la pandémie, elle a dû tirer une croix sur le voyage d'observation qui devait nourrir sa thèse de sociologie sur l'élite contemporaine russe, et l'emmener de rassemblements festifs en clubs privés. Certains de ses entretiens se feront par visioconférence ; d'autres ont été tout bonnement annulés. «C'est un groupe social difficile d'accès, raconte la doctorante au Centre de recherches en économie statistiques (Crest) de l'Ecole nationale de la statistique et de l'administration économique (Ensae), et il est beaucoup plus dur de nouer une relation de confiance par visioconférence, ou de garantir qu'une discussion n'est pas enregistrée à des personnes qui tiennent à rester anonymes.» Pour l'heure, confinée près de Poitiers, Dragun a troqué la Russie pour une pile de livres, et peaufine sa bibliographie.
Clémentine Gutron, elle, devait être affectée dans un laboratoire du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Rabat, au Maroc, le 1er septembre. Du fait de la situation sanitaire, le CNRS a reporté toutes les affectations de chercheurs hors d'Europe jusqu'à nouvel ordre. Si elle a pu profiter du confinement pour analyser les données déjà collectées, la chargée de recherches au CNRS craint que d'autres universitaires pâtissent de la situation : «Les confinements auront des conséquences dévastatrices, no