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Agriculture urbaine : 27 quartiers sensibles choisis pour accueillir des microfermes

EXCLU - Ce lundi, les ministères de l'Agriculture et de la Ville annonceront à Saint-Denis les premiers lauréats des «Quartiers fertiles». Ce plan, piloté par l'Agence nationale pour la rénovation urbaine, injectera 34 millions d'euros dans 100 fermes urbaines pour verdir les banlieues et créer des emplois. De grands groupes comme Sodexo y participeront.

L'Etat veut verdir le renouvellement urbain qui s'est limité jusqu'à présent à de nouvelles tours et au béton.
L'Etat veut verdir le renouvellement urbain qui s'est limité jusqu'à présent à de nouvelles tours et au béton. (Jean-Pierre Sageot)

Par Marion Kindermans

Publié le 7 déc. 2020 à 08:04

Les quartiers populaires aussi auront leur morceau de champs cultivé et un accès aux fruits et légumes de proximité. Finie donc l'agriculture urbaine pour « bobos » réservée aux centres-villes, entre terrasses et balcons. Julien Denormandie, ex-ministre de la Ville et du Logement passé depuis à l'Agriculture, et également ingénieur agronome de formation, l'avait promis en février 2020 : une centaine de banlieues verront émerger de petites fermes urbaines dans les quartiers prioritaires de la ville. «Le développement de cette agriculture se fera au bénéfice d'une population particulièrement impactée par la crise sanitaire», déclare-t-il.

Ce lundi, Julien Denormandie et Nadia Hai, ministre déléguée chargée de la Ville, en visite à la ferme urbaine «zone sensible» à Saint-Denis, annonceront les 27 premières collectivités lauréates de l'appel à projets « quartiers fertiles » (pour 42 projets), lancé en début d'année par l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). D'après la liste consultée par « Les Echos », la moitié est située en région francilienne.

Parmi les projets, à La Savine, près de Marseille, la transformation d'une friche en potager côtoiera une chèvrerie de 100 à 150 bêtes et des jardins partagés. Vierzon (Cher) mettra l'accent sur du maraîchage bio. Dijon (Côte-d'Or) intégrera en plus de sa ferme urbaine un « living lab » alimentaire impliquant les habitants. A Nevers (Nièvre), 10 hectares seront consacrés à des jardins partagés, un poulailler, une forêt jardin, une production maraîchère, un espace de cueillette et à un écopâturage avec des moutons. Vaux-en-Velin (Rhône) ajoutera un point de vente en circuit court pour écouler la production. Les Mureaux (Yvelines) veulent percher leur ferme en hauteur, sur le toit terrasse du centre commercial. Et Sartrouville (Yvelines) veut créer une ferme en bioponie (technique de culture hors-sol) dans un parking désaffecté.

En faisant le pari de « banlieues vertes », le ministre veut amener du circuit court et de la végétalisation dans des quartiers où le renouvellement urbain est passé jusqu'à présent par de nouvelles tours et du béton. « Les quartiers populaires aussi peuvent être exemplaires en matière environnementale, sociale, urbaine », indique Olivier Klein, président de l'Anru et maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Et, par chance, les bouts de foncier y abondent, ne demandant qu'à éviter les friches. Pas question pour autant de jouer le « tout-social ». Le modèle économique doit tenir, avec un exploitant (Veni Verdi, Cycloponics, Merci Raymond…), une fonction de production et quelques emplois à la clé. « Ce n'est ni un gadget bobo ni un atelier pédagogique, il faut que les projets soient rentables dans deux à trois ans », déclare Olivier Klein. Sodexo, séduit, s'engagera dans des projets d'ateliers de transformation de légumes, à commencer par Clichy-sous-Bois.

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Une soixantaine d'élus ont concouru, achevant de convaincre les ministères de lancer d'autres vagues de candidatures jusqu'en avril 2021.

Les 27 premières villes lauréates recevront 8,5 millions d'euros de subventions (études, ingénierie, animation, construction, entretien). Le plan mobilisera au total 34 millions d'euros, abondé par les programmes d'investissement d'avenir (PIA), la Banque des territoires, le ministère de l'Agriculture et l'Ademe.

Rénovation urbaine : 600 opérations sont en chantier dans les quartiers

Publiée le 19 octobre par l'Agence pour la rénovation urbaine (Anru), la dernière enquête auprès des collectivités locales pour mesurer l'état d'avancement de leurs chantiers fait état du démarrage de 290 opérations achevées et 230 amorcées. Le programme concerne au total 450 quartiers. « Ces opérations de démolition, reconstruction et rénovation de grands ensembles concernent près de 10.000 logements », précise-t-on à l'Anru. L'enquête souligne également que près de 600 opérations sont actuellement en chantier. Le gouvernement a fixé comme objectif le début des chantiers dans au moins 300 quartiers NPNRU d'ici à la fin 2021.

Avec ces fermes urbaines, l'Anru espère concourir à redorer l'image des quartiers et attirer des investisseurs privés, l'enjeu désormais le plus compliqué à mener. « C'est une chose de créer des écoles, des logements, mais cela reste compliqué d'attirer des entreprises dans ces quartiers », déclare Olivier Klein.

Marion Kindermans

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