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Les « petits fantômes de la République », au cœur du projet de loi sur les « principes républicains »

Les mesures éducatives doivent permettre de ramener dans le giron de l’école ces enfants soupçonnés d’être sous emprise idéologique. Mais sur le terrain, le phénomène est limité.

Par  et  (Lille, correspondance)

Publié le 09 décembre 2020 à 05h53, modifié le 09 décembre 2020 à 14h00

Temps de Lecture 6 min.

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Sortie d’école primaire à Tourcoing, en 2017.

« Petits fantômes de la République » : l’expression, que l’on doit au ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, rencontre peu d’écho dans les cercles d’enseignants. Elle les concerne pourtant en premier lieu. Ces enfants qui disparaissent des radars de l’école – « surtout des petites filles dans certains quartiers », a affirmé M. Darmanin dans les colonnes du Figaro, le 18 novembre – justifient l’essentiel des mesures éducatives inscrites au cœur du projet de loi sur les principes républicains, présenté en conseil des ministres, mercredi 9 décembre : la limitation (à défaut d’interdiction) de l’instruction en famille ; l’encadrement renforcé des établissements privés hors contrat ; la possibilité de fermer ces écoles « administrativement » en cas de dérives constatées ; ou encore l’attribution à chaque enfant d’un numéro d’identifiant personnel « pour savoir qui est inscrit à l’école, y compris à domicile », a précisé M. Darmanin, et s’assurer par la même occasion qu’aucun d’entre eux n’est privé de son droit à l’instruction.

Reste à savoir combien le sont. Sur le terrain politique, on renvoie à des lieux plutôt qu’à des chiffres. Notamment à Tourcoing (Nord), ville dont M. Darmanin a été le maire, et où il dit avoir constaté, en faisant la « tournée des écoles », un déséquilibre, dans certaines d’entre elles, entre filles et garçons. Mais aussi à Maubeuge (Nord), ville citée par le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, lors de son déplacement aux Mureaux (Yvelines), le 2 octobre, en réponse à un journaliste qui le questionnait sur le sujet. Ou encore à Toulouse, dans l’Isère ou en Seine-Saint-Denis, des territoires où l’Etat est parvenu, au terme de procédures parfois compliquées, à fermer des structures qui n’avaient d’école que le nom – cinq en trois ans.

Des lieux d’accueil avec parfois des « fillettes de 3 ans, voilées de la tête au pied », déclarait Jean-Michel Blanquer à la rentrée 2020, au lendemain de la fermeture d’une structure à Sevran (Seine-Saint-Denis). Un an plus tôt, le ministre de l’éducation avait déjà dénoncé le « fondamentalisme islamiste dans certains territoires, [qui] a fait que certaines petites filles vont à l’école le plus tard possible, ou avec une assiduité plus faible ».

« Invisibles »

Dans son entourage, on fait aujourd’hui état d’un « phénomène local » qui justifie une « mobilisation générale » : quelque 5 000 enfants, « mal », « jamais » ou « insuffisamment » scolarisés, feraient les frais de dérives sectaires ou religieuses, y compris dans la mouvance catholique, avance-t-on rue de Grenelle. Un chiffre à relativiser, au regard des 12,4 millions d’élèves scolarisés en cette rentrée, des 85 000 accueillis dans le secteur hors contrat et des 62 000 à domicile.

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