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Mathématiques : le plan de Blanquer pour « remonter la pente »

Les élèves français sont les cancres de la classe européenne en maths et en sciences, montre une nouvelle étude publiée mardi. Pour redresser le niveau, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a lancé en 2018 un plan axé notamment sur la formation continue des enseignants.

« Nous avons une pente à remonter et je suis le premier à le dire depuis que je suis arrivé, le niveau de mathématiques est beaucoup trop faible en France », a indiqué le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, ce mardi.
« Nous avons une pente à remonter et je suis le premier à le dire depuis que je suis arrivé, le niveau de mathématiques est beaucoup trop faible en France », a indiqué le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, ce mardi. (STEPHANE DE SAKUTIN/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 8 déc. 2020 à 11:51Mis à jour le 8 déc. 2020 à 18:07

Le constat est sans appel. Comme en 2015 , l'enquête internationale TIMSS, publiée ce mardi, pointe du doigt les élèves français pour leurs mauvais résultats en mathématiques et en sciences . D'autres études récentes avaient illustré les difficultés, notamment l'enquête Cedre , publiée en octobre dernier.

En mathématiques, la France figure en bas de tableau des pays développés, juste devant le Chili. « Cette baisse tendancielle de long terme de niveau en mathématiques n'est pas une surprise, estime Thierry Rocher, qui a participé à l'étude TIMSS. Elle ne date pas d'il y a quelques années. Les élèves français de 4e ont perdu l'équivalent d'une année scolaire en vingt-quatre ans. Le niveau de score des élèves de 4e d'aujourd'hui est égal à celui des élèves de 5e d'il y a vingt-quatre ans. »

« Nous avons une pente à remonter et je suis le premier à le dire depuis que je suis arrivé, le niveau de mathématiques est beaucoup trop faible en France », a admis le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, mardi, sur RMC. On tire tout le monde vers le haut et cela prend du temps. » Tout en prévenant les critiques à son égard : « Les études internationales nous disent toujours quelque chose du passé plus que du présent. » Pour le ministre, les mauvais résultats justifient le plan qu'il a lancé en 2018, fondé sur « des méthodes pédagogiques qui fonctionnent et un plan de formation continue pour les professeurs des écoles pour permettre un rebond ».

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« Le ministère a pris la mesure des enjeux, il y a une forme d'urgence collective, le taureau a été pris par les cornes », insiste aussi le numéro deux du ministère, Edouard Geffray. Un plan mathématiques , copiloté par le député Cédric Villani et le mathématicien Charles Torossian, a été lancé en février 2018. C'est « trop tôt » pour que les effets se voient sur les élèves testés dans TIMSS, plaide-t-on au ministère : ils étaient entrés en CM1 en septembre 2018.

Formation continue des professeurs des écoles

Le premier volet du plan porte sur la formation continue des professeurs des écoles avec un système en cascade : 1.600 référents mathématiques de circonscription ont reçu une formation poussée pour, ensuite, former localement les professeurs du premier degré. Au total, 40.000 enseignants doivent être concernés cette année, sur les 250.000 professeurs des écoles qui exercent du CP au CM2, selon le ministère. « Ils travaillent ensemble pour améliorer et partager leurs pratiques pédagogiques, c'est un modèle de formation complètement différent », avance Edouard Geffray.

Des objectifs pédagogiques

Le deuxième volet du plan porte sur les objectifs pédagogiques, avec la mise en place de « repères de progression attendus », publiés en 2019. Les opérations complexes doivent être acquises plus tôt, estime-t-on aussi au ministère. « On a trop longtemps vécu » sur le fait qu'il fallait retarder le moment où on apprend la division et la multiplication, ou la maîtrise des quatre opérations, déplore Jean-Michel Blanquer.L'Education nationale publie aussi des guides de ressources à disposition des enseignants. Un guide de résolution de problèmes au CP est paru lundi, deux autres sont attendus en mars pour le collège et les CM1-CM2.

Dans les collèges, le ministère veut, par ailleurs, créer 150 laboratoires de mathématiques par an - 250 sont déjà créés - pour « donner le goût, stimuler, aller plus loin », et créer des lieux en dehors de la classe où élèves et professeurs se retrouvent pour faire des mathématiques. Avec seulement 2 % d'élèves très avancés contre 11 % pour la moyenne européenne et 50 % à Singapour, les écoles d'ingénieurs qui recrutent les meilleurs élèves scientifiques ont du souci à se faire.

S'inspirer du Portugal

Le Portugal, qui a redressé sa position de manière fulgurante en quelques années, « a misé sur la formation continue de ses professeurs », rassure Edouard Geffray. « La France a fait le même constat et lancé son plan en 2018. »

L'Education nationale balaie le fait que les programmes scolaires puissent être en cause dans les mauvais résultats des élèves français. Elle insiste aussi sur la formation initiale, notamment pour les professeurs des écoles qui viennent « massivement » de filières non scientifiques. « Quand ils arrivent en master MEEF [métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation, NDLR], premier lieu de recrutement, ces jeunes étudiants ont souvent une distance par rapport aux mathématiques, ils n'en ont pas fait depuis le lycée », argue Edouard Geffray. La formation initiale a été modifiée « pour que 55 % minimum du temps de formation soit dédié au français et aux mathématiques », précise-t-il.

« Faire des maths à la maison »

Que dire aux parents face à ces mauvais résultats ? « J'espère qu'ils ne vont pas prendre peur, rétorque Edouard Geffray lorsqu'on lui pose la question. Il conseille aux familles de « faire utilement des mathématiques à la maison », pour aider les enfants à « se familiariser » avec les mathématiques dès le plus jeune âge et, surtout, de ne « pas véhiculer » le fait que tel ou tel enfant n'aurait pas « l'esprit mathématique ».

Marie-Christine Corbier

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