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Covid : les Hôpitaux de Paris projettent au moins 1.200 recrutements sur trois ans

L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) va investir 100 millions d'euros par an pour recruter, former et verser des forfaits d'heures supplémentaires et des primes d'équipe.

Le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, prévoit près de 400 recrutements par an pendant trois ans.
Le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, prévoit près de 400 recrutements par an pendant trois ans. (GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP)

Par Solveig Godeluck

Publié le 9 déc. 2020 à 11:10Mis à jour le 9 déc. 2020 à 14:26

C'est un plan quinquennal nourri, infusé du « Ségur de la santé ». La négociation nationale menée par le gouvernement avait abouti en juillet à des revalorisations massives et pérennes pour les personnels hospitaliers , certaines restant à préciser à l'échelle des établissements. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) expose dans son « projet social » 2021-2025, approuvé mardi par son directoire, la façon dont elle va mettre à profit cette manne, qui devrait s'élever pour le premier groupe hospitalier du pays aux alentours de 100 millions d'euros par an, sans compter la revalorisation de 183 euros par mois des salaires déjà effective.

Le « Ségur » a promis 15.000 créations d'emploi dans les hôpitaux. Pour sa part, l'AP-HP prévoit de recruter 1.200 à 1.290 personnes au cours des trois prochaines années. Ce ne sera pas facile. Le problème numéro un de l'hôpital demeure d'attirer des soignants, trop peu nombreux dans le pays. L'AP-HP, qui a lancé un plan « zéro hausse de la masse salariale » en 2018 pour redresser ses comptes, en rognant sur les emplois administratifs et logistiques, a en fait perdu 772 infirmiers, 9 infirmiers de bloc opératoire, 105 manipulateurs radio et 40 kinésithérapeutes sur la période 2018-2020. Les postes de puéricultrice ou d'infirmier anesthésistes sont également en tension, même s'il y a eu quelques embauches.

Trois ans de déficit d'emploi

« On avait mille postes vacants au début de la crise du Covid-19 », rappelle Martin Hirsch, le directeur général de l'AP-HP. La situation a commencé à s'améliorer en 2020, car l'Assistance publique est parvenue à recruter 60 % des nouveaux diplômés de ses écoles d'infirmiers, contre 40 % à 45 % d'habitude. « C'est sans doute un effet Covid, les professionnels ont vu qu'on se décarcassait », avance le haut fonctionnaire. En novembre, 840 postes nets ont été créés de façon pérenne depuis janvier, dont 306 postes d'infirmiers diplômés d'Etat.

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Les recrutements devraient se poursuivre, couplés à une augmentation progressive des effectifs des promotions, de 1.602 élèves en 2021 à 1.964 en 2024. Le groupe va accroître son soutien financier aux étudiants paramédicaux, en échange d'un engagement à servir dix-huit mois à l'AP-HP : l'allocation d'étude passera ainsi de 450 à 750 euros en institut de formation de soins infirmiers. Les aides-soignants qui veulent se former pour devenir infirmiers et les infirmiers briguant un diplôme de pratiques avancées pourront sauter le pas, car ils seront remplacés à leur poste.

Mais comme il faut trois ans pour former les paramédicaux, le déficit d'emploi ne sera pas comblé avant 2022-2023. Le groupe compte sur une mesure inscrite dans le « Ségur » pour faire la jonction : les forfaits d'heures supplémentaires majorées de 50 %, que pourront souscrire les soignants volontaires, en contractualisant à l'année. « C'est cinq heures par semaine maximum, ça peut intéresser beaucoup de monde, et ça nous fait une force de travail supplémentaire », insiste Martin Hirsch. Certains salariés gagneront 300 à 400 euros de plus par mois. L'incitation aux heures supplémentaires sera cependant dégressive au fil des ans, la priorité revenant à la création d'emploi.

La concordance des temps

L'autre piste majeure pour faire tourner la boutique à effectifs réduits, c'est ce que Martin Hirsch appelle la « concordance des temps » : faire en sorte que les médecins et les paramédicaux se coordonnent afin d'accélérer les rotations de patient et ainsi la productivité hospitalière. Si le médecin fait sa tournée le matin, les cadres de santé peuvent organiser la sortie d'un patient tout de suite après et en admettre un autre l'après-midi.

Les uns et les autres se sont engagés à faire cet effort de synchronisation des agendas, parce que la direction a accédé à une vieille revendication du syndicat SUD : rétablir des journées de travail de huit heures au lieu de sept heures ou sept eures trente-six, et ainsi libérer une journée de congé toutes les deux semaines. « Cela coûte beaucoup plus cher en emploi ! En échange, j'ai demandé que les médecins et les soignants discutent ensemble pour mieux organiser la journée », indique Martin Hirsch.

Cela revient à détricoter en partie la réforme des 35 heures de 2015, chèrement obtenue, mais le dirigeant se réjouit d'avoir mis médecins et soignants autour de la table, une première dans l'élaboration d'un projet hospitalier. Celui-ci a été ratifié par les partenaires syndicaux traditionnels (avis favorable de SUD et de la CFDT, mais ni FO ni la CGT), mais aussi par la commission médicale d'établissement (80 % d'avis positifs).

Prime d'engagement

Par ailleurs, pour retenir les soignants tentés par d'autres cieux, l'AP-HP va actionner un autre dispositif du « Ségur », la prime d'engagement, portée à 1.200 euros maximum par salarié et par an. Les syndicats s'en méfiaient, hostiles à l'individualisation des rémunérations. La direction a contourné l'obstacle en décidant de l'attribuer à des équipes qui expérimentent un projet (par exemple, mieux lutter contre la douleur) ou qui oeuvrent dans une spécialité moins attractive (gériatrie…).

Quant au plan de retour à l'équilibre sur cinq ans, il n'a pas été abandonné, mais décalé d'un an. La reprise d'un tiers de la dette hospitalière promise par le gouvernement va permettre à l'AP-HP d'alléger ses intérêts de la dette de 15 millions d'euros par an.

Solveig Godeluck

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