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Théâtre, danse, musique : quand les anciens de Normale-Sup brûlent les planches

Une fois sortis de l’Ecole normale supérieure, certains cerveaux de la République, toujours plus nombreux, fuient la voie toute tracée de l’enseignement pour investir les champs artistiques.

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Publié le 10 décembre 2020 à 00h14, modifié le 16 décembre 2020 à 17h48

Temps de Lecture 13 min.

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On peut être normalien, avoir été reçu premier à l’agrégation d’anglais (en 2004), être passé par Harvard, et proposer une expérience performative déroutante à prendre au pied de la lettre : Je viens chanter chez toi toute nue en échange d’un repas. Le/la comédien.ne Vanasay Khamphommala, longs cheveux noirs, corps émacié, qui proposait cet été aux déconfinés de débarquer chez eux avec son ukulélé, a un parcours tout ce qu’il y a de plus classique. Sauf peut-être le sujet de sa thèse de DEA : « L’érotisme anal dans les comédies de Shakespeare ». Après avoir enseigné à l’université, il/elle a compris que sa vie était sur scène.

Stéphane Braunschweig, Benoît Lambert, Marie-José Malis, Frédérique Aït-Touati, Jade Herbulot, Thibaud Croisy, Marie-Sophie Ferdane (ancienne pensionnaire de la Comédie-Française), Bruno Bayen, Alice Zeniter, Louise Vignaud, Sébastien Bournac, Irène Bonnaud, Philippe Brunet, Camille Dagen, Pierre-Angelo Zavaglia, Cécile Falcon (professeure au Conservatoire national supérieur d’art dramatique), Guillaume Poix, Sacha Todorov, Pauline Noblecourt, Eddy D’Aranjo, Lisa Guez (qui a gagné le festival Impatience en 2019), Manon Worms… Tant de normaliens peuplent le théâtre aujourd’hui qu’on pourrait en dresser un annuaire.

Sans parler de la musique – Agnès Gayraud (La Féline), Sébastien Wolf (Feu ! Chatterton), Christine and the Queens –, du cinéma (Emmanuel Bourdieu, Rebecca Zlotowski, Jeanne Balibar), de la danse (Romain Bigé), de la BD (Jul) ou de la photographie (Aude Tincelin, devenu Adel Tincelin, « militant écoqueer » et auteur de On n’a que deux vies. Journal d’un transboy, en 2019 chez Cambourakis). Tous ont laissé tomber la chaire du professeur pour la chair vivante de l’art. L’école qui, au monde, a formé le plus de Prix Nobel, le Graal de la méritocratie française, rempart de la pensée universaliste, serait-elle devenue un chaudron à saltimbanques ?

« Le choix de l’art, c’est aussi le choix du corps, affirme Vanasay Khamphommala, dont les parents immigrés étaient devenus médecins et enseignants à Rennes. C’est sortir de ma tête et revenir vers le champ social. J’aurais été très malheureuse si j’étais restée dans la vie à laquelle me prédestinait l’école, cet endroit de revendication de la norme, de l’institution. Je me suis rendu compte, à un moment donné, de la violence du rail, de cette machine à assimiler, à laquelle il a fallu que je mette un terme brutalement. Pas facile de devenir soi en tournant le dos à ce qui nous construit. »

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