Les femmes se font, lentement mais sûrement, une place dans la haute fonction publique. C’est ce que montre la dernière édition du bilan du ministère de la transformation et de la fonction publique, mis en ligne fin novembre. Parmi les nominations effectuées en 2018 – données les plus récentes – sur un poste d’encadrement supérieur des trois principales administrations (Etat, collectivités locales, hôpitaux), les femmes en représentent 37 %. Cela concerne ce que le ministère appelle les « primo-nominations ». C’est-à-dire la moitié de l’ensemble des 1 800 nominations de l’année, celles qui ne sont ni un renouvellement dans un même emploi ni une nomination dans un emploi analogue. Résultat, fin 2018, parmi les 5 700 hauts cadres qui étaient en poste – le « stock », donc –, 31 % étaient des femmes.
L’objectif fixé par la loi dite Sauvadet en mars 2012 est aujourd’hui au moins de 40 % pour les primo-nominations. Grosso modo, l’administration progresse à raison d’un point par an. En 2018, parce qu’ils n’ont pas atteint le seuil de 40 %, vingt-six employeurs publics ont donc dû s’acquitter d’une pénalité. Ainsi, 4,14 millions d’euros ont été reversés au budget général de l’Etat, dont 600 000 euros qui ont permis de financer des actions favorables à l’égalité entre femmes et hommes.
Parmi les plus mauvais élèves, il y a Bercy (qui a dû verser 900 000 euros de pénalités), le ministère des armées (450 000 euros), la région Pays de la Loire (180 000 euros), la ville de Roubaix (180 000 euros), la communauté d’agglomération de Troyes (180 000 euros) ou celle de Belfort (180 000 euros). A Bercy, on proteste de sa bonne foi, en faisant remarquer que les pénalités baissent fortement ces dernières années : 1 700 000 euros en 2017, 900 000 en 2018 et 450 000 euros en 2019. « On continue à progresser », assure Marie-Anne Barbat-Layani, secrétaire générale du ministère de l’économie.
« Volonté politique claire »
Amélie de Montchalin, ministre de la transformation et de la fonction publiques, un peu agacée de la lenteur du suivi (les chiffres publiés en 2020 sont ceux de 2018), affiche son volontarisme. Selon les données inédites qu’elle livre, la nomination de femmes dans les plus hauts postes (directeur d’administration centrale, préfet, ambassadeur, recteur…) progresse très fortement. Le taux était de 24 % en 2012, puis il a stagné autour de 30 % jusqu’en 2018. Mais, en 2019, il est de 37 % et, sur les six premiers mois de 2020, de 43 %. Or, ce sont les nominations sur lesquelles le gouvernement a directement la main. « Cela montre une chose, affirme Mme de Montchalin : quand la volonté politique est claire, constante, les choses progressent. »
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