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Les Hauts-de-France, de la désindustrialisation à la lente réindustrialisation

En dépit de la mobilisation des pouvoirs publics locaux, la concurrence entre pays européens rend parfois le combat déloyal pour l’obtention de nouvaux sites industriels.

Par  (Lille, correspondance)

Publié le 12 décembre 2020 à 11h49, modifié le 12 décembre 2020 à 11h51

Temps de Lecture 5 min.

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Le site de Bombardier à Crespin (Nord), le 4 décembre 2020.

En ce début décembre, l’angoisse monte dans l’est d’Amiens, là où la crise de l’industrie aéronautique commence à affecter le bassin d’emploi. Inquiet, le sénateur (UDI) de la Somme Stéphane Demilly a demandé au chef de l’Etat d’intervenir pour aider son territoire qu’il juge « en danger de mort ». L’unité industrielle Stelia Aerospace, située à Albert, génère en effet près de 3 000 emplois dans ce coin de la Somme. Frappée, comme tous les acteurs de l’aéronautique, par la crise sanitaire, l’entreprise spécialiste dans la production de pointes avant d’avions accuse « une perte de chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros en 2020 », qui pourrait se poursuivre en 2021, estime Stéphane Demilly. Sa crainte : la suppression d’un millier d’emplois, au sein du donneur d’ordre mais aussi dans les entreprises locales.

Inimaginable que l’industrie de la région encaisse à nouveau un tel choc. Les Hauts-de-France digèrent à peine le coup de massue vécu par les 863 salariés de Bridgestone : en septembre, ils ont appris la fermeture de leur usine de Béthune, dans le Pas-de-Calais. Le fabricant japonais de pneus a refusé la main tendue de l’Etat et des collectivités publiques pour maintenir une partie des emplois sur le site. Le géant du pneu ferme sa seule usine française « pour sauvegarder la compétitivité des opérations de Bridgestone en Europe ». Triste nouvel épisode de la désindustrialisation, ou comment sacrifier la France au profit du reste de l’Europe.

« Région sinistrée »

Avec l’aide de l’Union européenne (UE), Bridgestone a en effet investi 140 millions d’euros en Pologne en 2013, et, pour cela, le groupe a bénéficié de subventions à hauteur de 24 millions d’euros. « Ça fait des années que nous alertons en disant que l’aide de l’UE ne doit pas servir à financer une concurrence déloyale au sein de l’UE entre salariés ou ouvriers polonais, hongrois ou français », déplore Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français. Le député du Nord pointe ces pratiques qui ont permis à « Bridgestone d’investir 140 millions en Pologne et 190 millions en Hongrie, et de fermer Béthune ».

En janvier dernier, ce sont les ouvriers de Nestlé, dans l’Aisne, qui ont été victimes de cette concurrence interne au Vieux Continent. Le 31 décembre, 176 salariés se retrouveront sur le carreau. « Nestlé France a annoncé la fermeture de son usine de produits culinaires (Maggi, Chef, Kub Or…) à Itancourt alors même que l’activité est largement bénéficiaire et que Nestlé est leader sur ce marché, a dénoncé l’intersyndicale. Nestlé aggrave la désindustrialisation d’une région sinistrée au profit de pays low cost, puisque ce projet prévoit le transfert des productions d’Itancourt, notamment en Pologne, en Slovaquie, en Egypte ou encore aux Emirats arabes unis. »

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