Faire plus avec moins

La productivité, élixir magique de croissance économique

Et la pandémie, moteur de changement et d’accélération, élixir magique de productivité

La pandémie pourrait entraîner une croissance rapide de la productivité ©Freepik

Les perspectives d’une reprise de la productivité peuvent sembler moroses. Après tout, la dernière décennie a été marquée par un grand fatalisme technologique : en 2013, Peter Thiel, un investisseur en capital-risque, a évoqué les avancées technologiques du moment en disant que “nous voulions des voitures volantes, au lieu de cela nous avons 140 caractères”. Robert Gordon, de l’université Northwestern, s’est fait l’écho de ce sentiment, spéculant sur le fait que l’humanité pourrait ne plus jamais inventer quelque chose d’aussi transformateur que les toilettes à chasse d’eau. Tout au long de la décennie, les données ont largement soutenu les vues des pessimistes.

La productivité à travers le XXe siècle

Qui plus est, certaines études sur les pandémies passées et des analyses des effets économiques de celle-ci suggèrent que la Covid-19 pourrait nuire aux performances de la productivité. Selon les recherches de la Banque mondiale, les pays frappés par des pandémies au XXIe siècle (hors Covid) ont connu une baisse marquée de la productivité du travail de 9 % après trois ans par rapport aux pays non touchés.

Et pourtant, des choses plus étranges se sont produites au cours de l’histoire. Les années 1930, brutales, ont été suivies du boom économique le plus extraordinaire de l’histoire. Il y a une génération, les économistes avaient presque abandonné l’espoir d’égaler les performances de l’après-guerre, lorsqu’une explosion de la productivité par ordinateur a eu lieu. Et aujourd’hui, des indices encourageants laissent penser que les traumatismes économiques et sociaux des deux premières décennies de ce siècle pourraient bientôt faire place à une nouvelle période de dynamisme économique.

“Il y a une génération, les économistes avaient presque abandonné l’espoir d’égaler les performances de l’après-guerre, lorsqu’une explosion de la productivité par ordinateur a eu lieu. Aujourd’hui, des indices encourageants laissent penser que les traumatismes économiques et sociaux des deux premières décennies de ce siècle pourraient bientôt faire place à une nouvelle période de dynamisme économique”

La productivité est l’élixir magique de la croissance économique. L’augmentation de la taille de la main-d’œuvre ou du stock de capital peut accroître la production, mais l’effet de ces contributions diminue si l’on ne trouve pas de meilleurs moyens d’utiliser ces ressources. La [...]

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1 commentaire sur “La productivité, élixir magique de croissance économique”

  1. Cet article fait un constat précis du paradoxe de la productivité.
    The Economist fait office d’organe central du néo-libéralisme anglo-saxon. Il a la faveur des leaders qui recherchent dans ses colonnes les arguments leur permettant de chasser les doutes que suscitent des réalités contrariantes. Ce média accrédite l’opinion de Paul Krugman, du rôle primordial de la productivité sans cacher l’énigme de son atonie dans un univers technologique si prometteur.
    Ses lecteurs refusent que son effondrement depuis un demi-siècle puisse être – éventuellement - irréversible.
    A l’image de la bataille d’Hernani, la situation se résume au conflit entre les anciens et les modernes.
    Porte-parole des modernes, The Economist explique l’énigme d’une productivité en berne par deux raisons : l’insuffisance d’une demande globale et surtout la lenteur du déploiement des nouvelles technologies. Ils ont une vision du monde mécaniste et techno-centrée et ne croient que dans le quantitatif, l’objectif et le mesurable. Exaltés par leur foi dans les activités digitalisées « 4.0. », ils estiment qu’elles sont les seules capables de ressusciter le cercle vertueux d’une croissance nourrie de productivité et source de confiance. Ils s’opposent aux anciens regroupés symboliquement par les activités traditionnelles.
    La réalité n’est pas aussi simple car beaucoup d’entreprises traditionnelles souffrent d’une absence de croissance alors qu’elles ont déjà implémenté, et depuis longtemps, leur révolution digitale.
    Rappelons-nous que depuis la révolution industrielle, la quasi-totalité des peuples occidentaux s’est appropriée le progrès technique avec avidité, enthousiasme et détermination. Cette ardeur nous a permis de bénéficier d’une forte croissance de la productivité jusqu’à son zénith, autour des années 70.
    Son effritement depuis un demi-siècle est imputable aux deux raisons déjà évoquées auxquelles s’ajoute l’impuissance des nouvelles technologies a entrainé l’économie. L’enthousiasme de The Economist est compréhensible mais il se fracasse sur la faible pondération des activités 4.0. Autant des entreprises technologiques connaissent des épisodes de croissance fulgurante associée à celle de leur productivité, autant la « massification » de cette productivité technologique reste marginale au regard de l’économie globale.
    Il y a, selon moi, une quatrième raison, très perceptible mais que sa subjectivité rend irrecevable. Elle est contre-intuitive. C’est la persistance du sentiment d’incertitude, incompréhensible pour la doxa, dans
    Une telle hypothèse est inenvisageable par le paradigme néolibéral qui surestime les sciences et techniques comme facteur privilégié et exogène du développement. De facto, il sous-estime le rôle de l’Homme dans le processus particulièrement complexe de la productivité.
    En restituant à l’être humain la primauté de tout phénomène économique, on comprend que le sentiment d’incertitude puisse coexister avec la révolution technologique. Mais l’incertitude ronge la confiance requise pour que notre système économique retrouve son efficience passée.
    Alors les nouvelles technologies sont-elles l’espoir ? Oui, car elles sont contributrice de la productivité. Non, puisqu’elles se heurtent au mur de verre de l’irrationalité du comportement humain.
    Les « modernes 4.0. » s’accrochent au dernier sursaut de la productivité pendant les quatre années de la bulle internet. Contrairement à leurs espoirs, après son pic de 2001, la productivité retournait à sa chute impitoyable inversement proportionnelle à l’ascension des progrès « digitaux ». Il y aurait donc eu comme l’évaporation d’une hormone de croissance économique.
    Les faux espoirs sont dangereux. Le véritable espoir est de prendre acte d’une productivité stagnante et de dimensionner en conséquence le niveau d’activité économique au service des personnes. Je rappelle qu’en soumettant les statistiques économiques des grands pays à la rigueur de l’analyse financière on découvre que leur croissance « organique » est devenue négative ! Conséquence d’une productivité insuffisante depuis des décennies.
    Raphaël Rossello