«Il est rare d’associer les grandes écoles à la recherche, c’est bien dommage», regrette Anca Metiu, responsable du PhD program de l’Essec, dénomination anglo-saxonne du doctorat. En effet, sur les 70 doctorants de cette école de commerce, la plupart sont des étudiants étrangers.

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D’après l’enquête d’insertion de la Conférence des grandes écoles (CGE) 2020, seuls 0,3 % des managers diplômés en 2019 poursuivent leurs études en thèse, contre 6,2 % des ingénieurs et 2,3 % des diplômés des écoles d’autres spécialités. Or, selon Pierre François, doyen de l’École de la recherche de Sciences Po, il est quasiment obligatoire de faire une thèse pour devenir enseignant-chercheur. Et pour faire carrière au sein de grandes organisations internationales comme l’OCDE, le FMI ou les institutions européennes, «le doctorat est en général nécessaire».

Sans compter que «pour faire carrière à l’étranger, le diplôme d’ingénieurs est parfois méconnu, alors que le diplôme doctoral est très valorisé», pointe pour sa part Adriana Tapus, directrice de l’école doctorale de l’Institut polytechnique de Paris. Autant de bonnes raisons de se lancer.

Un processus sélectif

Toutefois, passer le cas de la sélection n’est pas une mince affaire. «À Sciences Po, nous retenons entre 10 et 15 % des candidatures. En ce qui concerne la formation doctorale en droit, nous avons recruté 20 doctorants sur les 180 candidatures, cette année», quantifie Pierre François. Outre un master 2, le candidat doit présenter un excellent dossier académique ainsi qu’un projet de recherche validé par l’école.

Les chercheurs ne sont pas sans le sou. Le contrat doctoral permet d’être payé 1500 euros net par mois à Sciences Po pendant les trois ans, 1750 euros net par mois à l’École doctorale de l’Institut polytechnique de Paris et 1900 euros par mois à l’Essec.

«Une liberté intellectuelle unique»

Une fois sélectionné, l’étudiant travaille à temps plein, pendant 3 à 6 ans maximum, que ce soit pour un doctorat ou pour un PhD. Les étudiants du PhD de l’Essec s’engagent pendant 5 ans: deux ans de cours intensifs, comme des cours de méthodologie par exemple, en parallèle desquels ils travaillent sur des projets de recherche. Puis, ils défendent leur projet de thèse en troisième année et participent à des colloques internationaux.

En dernière année, ils défendent leur thèse. «On alterne entre des phases laborieuses indéniables, où l’on est seul face à son ordinateur et un travail en communauté. On n’avance pas si on ne confronte pas ses idées à ses pairs. C’est une construction collective du savoir, ce qui est passionnant», explique Caecilia Drujon d’Astros, qui a terminé sa thèse à l’Essec l’année dernière sur la question du silence dans les pratiques de contrôles de gestion et qui retient de cette aventure, «l’occasion de travailler sur un sujet qui nous tient à cœur pendant 3 ans, et d’être payé pour cela. Une liberté intellectuelle unique».