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Paroles de policiers : « Les gens ne savent pas ce que c’est de se faire cracher dessus et caillasser »

La controverse sur la loi « sécurité globale » et la révélation d’images de violences ont remis les policiers au cœur du débat : quel regard portent-ils sur leur métier ? « Le Monde » a recueilli leurs témoignages.

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Publié le 15 décembre 2020 à 19h07, modifié le 16 décembre 2020 à 11h33

Temps de Lecture 7 min.

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Des CRS se tiennent devant la marche contre la loi « sécurité globale », à Paris, le 12 décembre.

Quand il est entré dans la police, en 1981, Eric Verzele avait encore « cet idéal de gosse à la Zorro » : celui de faire un métier où il serait au service des autres. « Je voulais défendre les plus faibles », confie ce fils d’un père mineur et d’une mère femme de ménage, qui a commencé comme « commis de police » avant de finir commandant au sein d’une unité de CRS. Pendant les trente-six années de sa carrière, ce « flic dans l’âme » a « essayé de défendre ces valeurs ».

En 2017, il a craqué. « Culture du chiffre », corporatisme « malsain », syndicats « déconnectés », formation au rabais, manque de moyens ont fini par avoir raison de sa vocation. Eric a renoncé au « métier de sa vie ». « Nous, les CRS, on n’était bons qu’à casser des tentes de migrants. Quand je le dénonçais, on se moquait de moi. Je suis parti », lance l’homme de 57 ans, aujourd’hui délégué du procureur à Bobigny, où il essaie, de l’extérieur cette fois, d’« apaiser des tensions très vives avec la police ».

Sa liberté de parole est rare. Les policiers sont soumis au devoir de réserve, qui leur impose d’observer de la retenue dans leurs propos qu’ils soient ou non en service, par loyauté à l’égard des institutions de la République.

Après la crise politique provoquée par la concomitance de la controverse sur la loi « sécurité globale » et de la diffusion des images de policiers tabassant Michel Zecler, un producteur de musique noir, le 21 novembre, ainsi que celles de l’évacuation violente d’un camp de migrants à Paris, le 23 novembre, Le Monde a lancé un appel à témoignages, qui a recueilli des dizaines de réponses.

Lire notre récit sur les violences policières : Article réservé à nos abonnés L’exercice d’équilibriste du gouvernement

« On n’est pas au Far West »

A l’instar de nombreux collègues, Sylvie (les prénoms ont été modifiés) revient d’abord sur les images du passage à tabac de Michel Zecler. « Ce n’est pas possible, ils sont cons », s’est dit cette fille de policier, qui exerce depuis trente ans. « On sait qu’on est tout le temps filmés », précise cette chargée de formation, qui assure n’avoir « jamais vu ça » durant sa carrière – elle a travaillé dix ans sur la voie publique.

« En formation, je dis souvent à mes policiers : “On n’est pas au Far West, on n’est pas des shérifs, on n’a pas à rendre la justice, ce n’est pas votre boulot.” »

Selon Arthur, motard d’une trentaine d’années, « des interventions violentes, il y en a tous les jours ». Tous condamnent cette violence, évoquant l’affaire Zecler, mais aussi l’évacuation brutale du camp de migrants à Paris. « Certaines images ne méritent aucune justification », tranche Thomas, qui n’ose plus dire sa profession aux personnes qu’il rencontre.

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