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Postes d'enseignants : les gagnants et les perdants de la prochaine rentrée

Le ministère de l'Education nationale vient de répartir les moyens d'enseignement entre académies pour septembre 2021. Le second degré perd 1.800 emplois alors que la démographie est en hausse. C'est l'inverse dans le premier degré, qui gagne 2.500 postes et fait figure plus que jamais de priorité.

Sur les 2.489 créations de postes prévues dans le premier degré pour septembre 2021, 2.300 serviront à mettre en oeuvre le dédoublement des classes de grande section de maternelle des réseaux d'éducation prioritaire renforcés (REP +).
Sur les 2.489 créations de postes prévues dans le premier degré pour septembre 2021, 2.300 serviront à mettre en oeuvre le dédoublement des classes de grande section de maternelle des réseaux d'éducation prioritaire renforcés (REP +). (LIONEL BONAVENTURE/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 16 déc. 2020 à 18:26Mis à jour le 16 déc. 2020 à 19:22

Le ministère de l'Education nationale a donné, ce mercredi, le traditionnel top départ du processus de la carte scolaire pour septembre 2021, en présentant aux syndicats la répartition des postes entre académies. A la prochaine rentrée scolaire, le nombre d'élèves va globalement baisser par rapport à cette année. Cela aurait pu représenter « plusieurs milliers d'emplois supprimés », mais ce n'est pas l'option qui a été retenue, souligne-t-on au ministère de l'Education nationale. La situation est toutefois très différente entre le premier et le second degrés.

Le premier degré accueillera 56.243 élèves en moins - toutes les académies enregistrent une baisse, sauf la Guyane et Mayotte -, et se voit pourtant attribuer 2.489 créations de postes, dont 2.300 pour la mise en oeuvre du dédoublement des classes de grande section de maternelle des réseaux d'éducation prioritaire renforcés (REP +).

Le taux d'encadrement s'améliore

La baisse de la démographie permet au ministère de l'Education nationale d'afficher un taux d'encadrement qui s'améliore depuis 2017. Elle aidera aussi à atteindre l'objectif, d'ici à 2022, de 24 élèves par classe pour toutes les classes de grande section de maternelle (hors REP +), fixé par Emmanuel Macron à l'issue du grand débat consécutif au mouvement des « gilets jaunes ». L'objectif sera tenu « avec certitude » pour les maternelles, assure-t-on dans l'entourage du ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer. En revanche, pour les CP et CE1, c'est moins sûr.

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Au ministère, on avance des raisons immobilières, les élus locaux ayant déjà réalisé « un effort considérable » pour dédoubler les classes en éducation prioritaire. Ces dédoublements concernent aujourd'hui 20 % des élèves sur les trois premiers niveaux de scolarité, soit 10.800 classes.

Heures supplémentaires

Le second degré pâtit, pour l'instant, de cet effort attribué au primaire. A l'inverse du premier degré, la démographie des collèges et des lycées y est encore en forte hausse, avec 43.518 élèves supplémentaires attendus à la rentrée prochaine. Mais le second degré enregistre une diminution de 1.800 emplois.

Au ministère, on tente de minimiser l'effet de cette baisse en assurant que « les moyens d'enseignement ne seront pas réduits dans les collèges et lycées » grâce aux heures supplémentaires. Car ces dernières « seront prises à une hauteur supérieure par les professeurs ». Elles sont aussi « un élément de rémunération supplémentaire car cela permet d'augmenter le salaire des enseignants tout en étant défiscalisées, d'où un gain net sur la feuille de paie », plaide-t-on au ministère. Pourtant, à y regarder de près, plusieurs académies perdront des moyens à la rentrée prochaine.

Dans le second degré, 1.800 emplois en moins

Le recours aux heures supplémentaires pose un autre problème, pointé dans un rapport sénatorial de novembre dernier. En 2019, 12,3 millions d'euros de crédits pour les heures supplémentaires n'ont pas été consommés. « Dans l'enseignement secondaire, ce projet de loi de Finances supprime 1.800 équivalents temps plein ; depuis le début du quinquennat, près de 4.500 y auront été supprimés », indique le rapport qui précise que les heures supplémentaires représentent 9 % du temps d'enseignement.

Depuis avril 2019, une deuxième heure supplémentaire hebdomadaire non refusable par les enseignants du second degré a été mise en place - près de 70 % des professeurs à temps complet du second degré ont effectué en moyenne deux heures supplémentaires par semaine l'an dernier.

Un vivier qui se réduit

Mais le recours aux heures supplémentaires « entre dans une phase très tendue », selon le sénateur Jacques Grosperrin. Entre les enseignants à temps partiel et ceux dont l'état de santé ne leur permet pas d'en faire, l'enveloppe des heures supplémentaires « porte souvent sur la moitié à peine des enseignants de la discipline concernée », affirme-t-il. Les heures supplémentaires se concentrent « sur un nombre limité d'enseignants », conduisant certains à en faire trois voire quatre par semaine. Les chefs d'établissement ont donc « du mal à trouver des enseignants pour faire ces heures supplémentaires », « le vivier sur lequel s'appuyer se réduit de plus en plus ».

Au ministère, on explique que les heures supplémentaires permettent « d'éviter les effets de rigidités » qui seraient liés à la création d'emplois, car « la courbe de la démographie va s'infléchir à partir de 2023 ».

Académies : les gagnantes et les perdantes

Dans le premier degré, les académies de Versailles (+350 enseignants), de Créteil (+340 enseignants) et de Lyon (+200 enseignants) apparaissent comme les mieux loties. Ce sont elles qui bénéficieront le plus des emplois créés. Dans le second degré, les académies les plus durement touchées sont celles de Lille (qui perd 194 postes et n'en récupère que 104 en équivalents d'heures supplémentaires), de Paris (moins 156 postes et +57 équivalents d'heures supplémentaires), de Normandie ou encore l'académie de Nancy-Metz.

Marie-Christine Corbier

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