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Fraude à l'apprentissage : les grandes écoles de commerce dénoncent un amalgame « dévastateur »

Les écoles de management membres de la Conférence des grandes écoles s'offusquent des propos de la ministre du Travail sur de supposés faux apprentis. Elles demandent à ne pas être confondues avec les « centaines d'officines » qui se disent écoles de commerce.

« Des formations supérieures se sont soudain prises d'amour pour l'apprentissage, y compris un certain nombre qui ont 100 % d'apprentis sans contrat, dans des écoles de commerce notamment », avait dénoncé la ministre du Travail, Elisabeth Borne, le 14 décembre.
« Des formations supérieures se sont soudain prises d'amour pour l'apprentissage, y compris un certain nombre qui ont 100 % d'apprentis sans contrat, dans des écoles de commerce notamment », avait dénoncé la ministre du Travail, Elisabeth Borne, le 14 décembre. (iStock)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 23 déc. 2020 à 07:40

C'est une petite phrase qui a provoqué un tollé dans le cercle des écoles de commerce membres de la Conférence des grandes écoles (CGE). « Quelque 38.000 apprentis en CFA [centre de formation d'apprentis, NDLR] sont aujourd'hui sans contrat », avait affirmé la ministre du Travail, le 14 décembre, lors d'un rendez-vous organisé par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis). Selon Elisabeth Borne, « il s'agit massivement de formations dans l'enseignement supérieur (à hauteur de 75 %), et nous sommes en train d'étudier certains cas, car des formations supérieures se sont soudain prises d'amour pour l'apprentissage, y compris un certain nombre qui ont 100 % d'apprentis sans contrat, dans des écoles de commerce notamment ».

« On n'est pas des margoulins ! »

« On ne peut pas jeter des propos à l'emporte-pièce, comme cela, sans vérifier ! s'offusque Alice Guilhon, à la tête du Conseil du chapitre des écoles de management de la CGE. On n'est pas des margoulins ! Nous ne sommes pas là pour ouvrir des places et lever de la taxe en se disant qu'on va devenir riches sur le dos du contribuable. C'est épouvantable et dévastateur ! Il faut faire très attention à ne pas mettre dans le même panier toutes les officines qui se réclament du nom d'école de commerce. » Le Conseil du chapitre des écoles de management de la CGE a adressé une lettre ouverte en ce sens à Elisabeth Borne.

Les 39 écoles de management de la CGE, qui ne peuvent en devenir membres que si leurs diplômes sont reconnus par la commission chargée de la reconnaissance des diplômes de gestion du ministère de l'Enseignement supérieur, comptent environ 160.000 étudiants, « dont 76.000 sont en contrat d'apprentissage, en alternance ou en contrat pro », précise Alice Guilhon. « Et sur ce nombre-là, le nombre d'étudiants qui n'ont pas de contrat est epsilonesque », ajoute-t-elle en l'estimant à « 100 à 200 tout au plus ».

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Dans son école, la directrice générale de Skema compte, par exemple, deux étudiants sans contrat, « parce que tel étudiant n'a pas voulu aller dans telle entreprise ». Le problème est donc très marginal, insiste la CGE. Où l'on explique que les grandes écoles réclament régulièrement plus de places aux CFA pour répondre aux demandes d'apprentis des entreprises. « Donc les contrats non pourvus, ce n'est pas chez nous ! » insiste Alice Guilhon.

« Des officines qui essaient de faire de l'argent »

Les regards se tournent vers les officines qui se réclament du nom d'école de commerce. « Il y en a des centaines en France, estime Alice Guilhon. Vous pouvez ouvrir 1.000 m2, afficher école de commerce et vendre ce que vous voulez. Ce ne sont pas des écoles de commerce, mais des officines qui essaient de faire de l'argent avec l'enseignement supérieur. Ce n'est pas la même chose. »

En septembre 2019 , la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, s'était alarmée de « formations (qui) entretiennent parfois la confusion dans l'esprit des étudiants et de leurs familles ». « C'est d'autant moins acceptable que cette qualité parfois discutable peut se payer extrêmement cher », avait-elle affirmé en annonçant la création, dans chaque académie, d'une adresse de signalement susceptible de déboucher sur des signalements au Parquet ou sur la saisine des autorités compétentes.

Marie-Christine Corbier

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