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Electroménager, téléphonie, vélos… le métier de réparateur est sous tension

Evolution des habitudes de consommation, la loi « anti-gaspi », émergence de start-up spécialisées : le cocktail susceptible de redonner un coup de fouet au secteur de la réparation est prêt. Mais les vocations manquent à l'appel, faute notamment de formation ad hoc.

Dans la seule région Hauts-de-France, plusieurs centaines d'annonces d'emplois de réparateurs sont actuellement disponibles sur le site de Pôle emploi.
Dans la seule région Hauts-de-France, plusieurs centaines d'annonces d'emplois de réparateurs sont actuellement disponibles sur le site de Pôle emploi. (iStock)

Par Guillaume Roussange

Publié le 3 janv. 2021 à 15:18

En temps de crise, l'annonce ne passe pas inaperçue : dans les prochains mois, le groupe FNAC Darty recrutera pas moins de 500 techniciens réparateurs. Le géant de l'électroménager entend ainsi muscler ses nouveaux services dédiés à « l'allongement de la vie des produits », selon Régis Koenig, directeur de la politique Services du groupe FNAC Darty. Il pointe en particulier son offre Darty Max qui propose, moyennant un abonnement de 9,90 euros par mois, de réparer les gros électroménagers, tant que les pièces détachées sont disponibles. « Beaucoup de formations ayant fermé, les réparateurs se font rares sur le marché de l'emploi. C'est pourquoi, nous recherchons des profils techniques, spécialistes de l'électronique ou de l'électrotechnique, voire d'anciens indépendants, que nous formerons en interne », affirme le responsable.

La durabilité avant le prix

Considérée comme peu fiable et trop chère, la réparation a depuis longtemps mauvaise réputation auprès d'un consommateur plus encouragé au renouvellement de ses appareils, qu'à l'économie des ressources. Mais les choses changent. Sur ce point, les analyses des distributeurs, comme de l'Ademe, convergent et font dorénavant figurer la durabilité dans le Top 3 des critères d'achat « devant le prix », selon Régis Koenig.

Une tendance que les pouvoirs publics encouragent : à partir du 1er janvier, l'indice de réparabilité, introduit par la loi « anti-gaspi » , s'installera à côté de l'étiquette énergie. De quoi favoriser les produits les plus fiables, ou du moins les plus facilement réparables. C'est le pari, de la start-up parisienne Murphy, qui vient de lever 8 millions d'euros pour développer son réseau partout dans l'Hexagone. Selon la jeune pousse, réparer les deux tiers des appareils ménagers tombant en panne chaque année, soit 28 millions d'appareils (contre 5 millions de réparations aujourd'hui) nécessitera la formation de 15.000 personnes.

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Recruter, mais qui ?

C'est bien là que le bât blesse : en matière de formation rien n'a été anticipé. Pis, les réformes successives de l'Education nationale ont encore contribué à la mise sous tension d'un secteur, déjà peu couru par les jeunes. La formation des techniciens, qui s'effectuait en quatre ans via deux années de BEP, suivies de deux années de bac professionnel, a ainsi été alignée sur les bacs généraux, en trois ans.

De l'avis général, le niveau s'en est trouvé affaibli, d'autant que les enseignements centrés sur l'électroménager, ont été - évolution des appareils oblige - étendus à la téléphonie, l'audiovisuel ou à la domotique. « Le problème de formation est d'autant plus prégnant que les besoins vont croissant, notamment parce que les constructeurs développent la maintenance préventive », souligne Jean Pierre Gaubert, directeur général du réseau de CFA Ducretet. Sur ses différents pôles de formation, comme le CFA de Valenciennes, dans le Nord, l'école forme quelque 150 techniciens de « l'électroménager connecté » chaque année. « Jusqu'à présent, cette formation n'était pas répertoriée dans la plateforme Parcoursup, dédiée à l'orientation des jeunes bacheliers. Ce problème va être réglé. C'est heureux car la demande des réseaux spécialisés dans la réparation est soutenue », détaille le directeur général du réseau.

Chaque année, Ducretet parvient à délivrer 150 certifications professionnelles, et donc à satisfaire « la moitié environ des demandes reçues par l'établissement ». Dans la seule région Hauts-de-France, plusieurs centaines d'annonces d'emplois de réparateurs sont actuellement disponibles sur le site de Pôle emploi.

Guillaume Roussange (Correspondant à Amiens)

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