« Si tu déposes 100 euros sur un livret rapportant 1 % par an et que tu n’y touches pas, combien d’argent y aura-t-il au bout d’un an, une fois les intérêts crédités ? » Dans la classe de 4e 1 du collège Maurice-Genevoix de Decize (Nièvre), à une trentaine de kilomètres au sud-est de Nevers, presque tous les index se lèvent. Tandis que la baisse du niveau de mathématiques des élèves de France a été récemment soulignée, on répond facilement ou presque à la question dans cette classe.
Les mains en l’air sont moins nombreuses quand il s’agit de définir un découvert : un droit pour le client ? une somme offerte par ma banque ? un crédit avec des frais ? Les avis divergent… Pas simple non plus de donner la température idéale du salon, lorsque est abordé le thème des économies d’énergie. Mais, pour alléger les factures, Gaétan a une idée : « Et si j’utilise des lingettes hygiéniques au lieu de prendre une douche ? » Léa aussi : « On n’a pas besoin de lumière aux toilettes. » Pas de quoi convaincre le professeur…
Ce n’est pas un hasard si, ce jeudi 3 décembre, après la cantine, Gaétan, Léa, Hugolin, Nila, Diego et les autres parlent d’argent à l’école. Avec leur professeur d’anglais, Sébastien Pecher, ces élèves, âgés pour la plupart de 13 ans, expérimentent le « passeport d’éducation budgétaire et financière », dit Educfi. Une initiative pilotée par la Banque de France.
Ne pas croire au Père Noël
Après avoir été sensibilisés aux rudiments de la finance personnelle pendant deux heures lors de séances précédentes, ils répondent ce jour-là à un quiz, dans la salle polyvalente du collège de cette commune rurale d’environ 5 500 habitants traversée par la Loire. Prochaine et ultime étape de cette sorte de « brevet du budget » : en janvier, lors d’une petite cérémonie, « les 4e 1 » devraient se voir remettre le fameux passeport en format papier.
Lancée en 2016, la stratégie nationale cible en priorité les jeunes et s’élargit au grand public et aux entrepreneurs
L’expérimentation s’inscrit dans une démarche plus globale, lancée fin 2016 par Michel Sapin, alors ministre de l’économie, et dont la Banque de France est l’« opérateur » : la stratégie nationale d’éducation financière. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a, elle, poussé ses Etats membres à s’emparer du sujet.
La stratégie nationale cible en priorité les jeunes, mais s’élargit aussi au grand public, et, plus récemment, aux entrepreneurs. La Banque de France a par exemple organisé depuis septembre une quarantaine de webinaires visant à expliquer à chacun le b.a.-ba de l’épargne. En insistant, dans ce cadre, sur les risques liés aux faux placements, qui se sont multipliés à la faveur des taux bas et des confinements. Son message : il ne faut pas croire au Père Noël. Si ce dernier vous propose aujourd’hui un placement très rentable et sans risque, il y a de fortes chances que ce soit un menteur ou un arnaqueur.
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