En 2005, Jacques Chirac était apparu désemparé face au « pessimisme » de jeunes Français réunis, le temps d’un débat, dans le cadre de la campagne pour le référendum sur la Constitution européenne. « Je ne le comprends pas », soufflait-il à la génération des enfants de la télé. Comment Emmanuel Macron va-t-il réagir à celle des smartphones ?
Après avoir dû décaler ce rendez-vous de vingt-quatre heures à cause de la mort de Valéry Giscard d’Estaing, le président de la République devait répondre, vendredi 4 décembre, aux questions du média en ligne Brut, très prisé des 18-30 ans. Une « conversation » avec les jeunes, comme disent les promoteurs de cet entretien, appelée à se poursuivre dans la foulée sur l’application Snapchat. Le tout sous la houlette, notamment, du journaliste Rémy Buisine, récemment frappé par les forces de l’ordre lors de l’évacuation violente d’un camp de migrants, à Paris.
Lancée début septembre, la demande d’interview a été sérieusement considérée par l’Elysée à partir du discours prononcé par le chef de l’Etat aux Mureaux (Yvelines), le 2 octobre, sur le « séparatisme islamiste ». « Dans les questions qui émergeaient sur les réseaux sociaux, le vivre-ensemble et la laïcité étaient des conversations assez fortes », relève un proche de M. Macron. Pour ne pas dire des incompréhensions. La question brûlante des violences policières est venue s’y greffer : la vidéo du tabassage d’un producteur de musique, Michel Zecler, a eu un effet retentissant. Selon un sondage Elabe pour BFM-TV, paru mercredi, seulement 47 % des 18-24 ans déclarent avoir confiance dans la police. Une baisse de 18 points par rapport à juin.
Conscient des accusations de dérive liberticide qui l’enserrent, en particulier à la suite des débats sur l’article 24 de la proposition de loi « sécurité globale », le locataire de l’Elysée veut réenclencher un discours positif. « Notre jeunesse a une difficulté de projection dans le futur, elle a le sentiment de ne pas être entendue, convient le délégué général de La République en marche, Stanislas Guerini. La lutte contre les discriminations est un sujet important pour elle ; elle souhaite un projet d’égalité des chances convaincant. » La question apparaît cruciale, alors que le projet de loi contre les séparatismes, attendu au conseil des ministres le 9 décembre, affiche pour l’heure une dimension avant tout répressive.
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