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Formation professionnelle, apprentissage et compétences : quelle politique européenne ?

Face à un marché du travail tendu en Europe, en particulier pour les jeunes, la formation professionnelle peut constituer un excellent choix d’insertion dans la vie professionnelle. Si les compétences de l’Union européenne sont limitées dans ce domaine, celle-ci mène cependant de nombreuses actions afin de la mettre en lumière et de la rendre plus efficace.

La promotion de l'acquisition de compétences, de la formation professionnelle et de l'apprentissage pour lutter contre le chômage compte parmi les chantiers les plus importants de l'Union européenne - Crédits : iStock
La promotion de l’acquisition de compétences, de la formation professionnelle et de l’apprentissage pour lutter contre le chômage compte parmi les chantiers les plus importants de l’Union européenne - Crédits : iStock

Toute personne a droit à une éducation, une formation et un apprentissage tout au long de la vie, inclusifs et de qualité, afin de maintenir ou d’acquérir des compétences lui permettant de participer pleinement à la société et de gérer avec succès les transitions sur le marché du travail” . Il s’agit du premier principe du socle européen des droits sociaux signé par les institutions européennes et les chefs d’État et de gouvernement, le 17 novembre 2017 à Göteborg (Suède).

Les jeunes surexposés au chômage

Et pour cause : plus le niveau de diplôme et de compétences des individus est élevé, moins ils risquent le chômage. En France, l’Observatoire des inégalités indiquait ainsi en février 2019 que les non-diplômés avaient un taux de chômage quatre fois plus important que les personnes dont le diplôme était supérieur à bac +2. Soutenir l’acquisition de compétences est donc fondamental, alors que les taux de chômage des jeunes en Europe atteignent aujourd’hui des niveaux importants, en hausse avec la crise économique liée à la pandémie de Covid-19.

A l’échelle de l’Union européenne, les jeunes sont plus exposés au chômage que l’ensemble de la population active. Le taux de chômage des 15-24 ans a atteint 17,5 % en octobre 2020 selon Eurostat (contre 14,7 % en janvier de la même année), soit deux fois plus que le taux global qui s’arrête à 7,6 %. En France, ce sont 20,7 % des jeunes actifs qui étaient au chômage en octobre 2020.

La stratégie européenne pour les compétences

Promouvoir l’acquisition de compétences, la formation professionnelle (tout au long de la vie) et l’apprentissage (formation initiale) pour lutter contre le chômage, en particulier celui des jeunes, compte parmi les chantiers les plus importants de l’Union européenne. Il est toutefois important de noter qu’il ne s’agit pas d’une compétence exclusive de l’UE. L’Union dispose tout de même de la capacité non négligeable d’appuyer, de coordonner et de compléter l’action des États membres. La plupart des mesures adoptées dans ce domaine ne sont par ailleurs pas contraignantes pour les pays de l’UE. Leur rôle dans la mise en œuvre de ces politiques est donc déterminant.

Depuis 2016, la stratégie européenne pour l’emploi s’axe en partie sur les compétences professionnelles. Les conclusions de Riga, adoptées en 2015, présentent le rôle de l’enseignement et de la formation professionnels (EFP) dans le contexte de la stratégie européenne pour la croissance et l’emploi. Voici les principaux objectifs qui y sont énumérés : promouvoir l’apprentissage, développer les mécanismes d’assurance de la qualité de la formation professionnelle, améliorer l’accès à la formation professionnelle et aux qualifications et développer la formation des enseignants.

En juin 2016, la Commission européenne a ainsi adopté son Agenda des compétences pour l’Europe, une série de dix objectifs pour améliorer la rencontre entre la demande et l’offre d’emplois en “dot[ant] les personnes de meilleures compétences” .

S’agissant spécifiquement de l’apprentissage, l’Union européenne agit à plusieurs niveaux. Elle a adopté le 15 mars 2018 une recommandation du Conseilrelative à un cadre européen pour un apprentissage efficace et de qualité” . Non contraignante, cette dernière établit des critères communs sur la définition d’un apprentissage de qualité afin de favoriser la mobilité et les conditions de formation et de travail des apprentis au sein de l’UE. De tels critères incluent une indemnisation des apprentis, le droit à la protection sociale ainsi qu’une certification reconnue au sortir de la formation. Un effort d’harmonisation motivé par la multitude de modèles différents, en termes d’apprentissage, selon les pays européens.

La Semaine européenne des compétences

Lancée en 2016, cette semaine de manifestations et d’activités se tient une fois par an en novembre. A cette occasion, des organisations aux niveaux local, régional et national présentent les plus belles réalisations de la formation professionnelle.

Initiative pour l’emploi des jeunes

L’Union européenne dispose également d’un portefeuille pour soutenir l’accès à l’emploi des jeunes. Avec un budget de 8,8 milliards d’euros pour la période 2014-2020, l’initiative pour l’emploi des jeunes (IEJ) est destinée aux jeunes sans emploi, ni en étude ni en formation (NEET). Les États membres utilisent cette enveloppe pour financer une partie de l’apprentissage, des stages, des placements professionnels et des formations qualifiantes.

L’IEJ soutient la Garantie européenne pour la jeunesse, également mise en œuvre par les pays de l’UE. Lancée en 2013, celle-ci vise à garantir à tout jeune de moins de 25 ans une offre d’emploi, de formation continue, d’apprentissage ou de stage dans les quatre mois qui suivent la perte de son emploi ou la fin de ses études. Dans le cadre de la programmation budgétaire 2021-2027, la Commission européenne entend étendre la limite d’âge du dispositif à 29 ans. L’exécutif européen souhaite également élargir sa portée, pour que les groupes défavorisés (comme les minorités et les personnes en situation de handicap) y aient plus facilement accès. L’objectif du renforcement de la Garantie pour la jeunesse est aussi de mieux l’adapter aux besoins des entreprises et de fournir un accompagnement plus personnalisé.

Une partie des financements de l’IEJ est issue du Fonds social européen, d’une enveloppe de 80 milliards d’euros entre 2014 et 2020. Plus largement, le FSE cofinance avec les États membres de nombreux projets pour améliorer la situation de l’emploi et de l’éducation au sein de l’UE.

Encourager la mobilité européenne

Afin que les compétences acquises soient reconnues partout en Europe, il a été jugé nécessaire de mettre en place un système d’équivalence des compétences pour la formation professionnelle et l’apprentissage, facilitant la mobilité européenne. En 2008, un cadre européen de comparaison des compétences a ainsi été développé. Bien qu’appliqué dans l’ensemble, tous les États membres n’avaient pas mis en correspondance la totalité de leurs systèmes de certification. Une autre proposition de recommandation a donc été adoptée par le Conseil en mai 2017 afin d’élargir ce système de comparaison des compétences à l’échelle européenne.

Pour valider des compétences acquises à l’étranger dans le cadre d’un cursus, une autre recommandation a été adoptée en juin 2009 pour établir un système européen de crédits d’apprentissage pour l’enseignement et la formation professionnels (ECVET).

Parmi les différents programmes européens qui s’inscrivent dans cette volonté d’améliorer la qualité et l’image de l’apprentissage, on trouve aussi l’Alliance européenne pour l’apprentissage, initiée en 2013. Cette plateforme permet de mettre en relation entreprises, partenaires sociaux, chambres de commerce, régions et autres acteurs clés de la formation professionnelle. Selon la Commission européenne, cet outil a contribué à créer 900 000 postes d’apprentissage à travers l’UE.

Plus globalement, le fonds Erasmus + est également un programme phare de la Commission européenne dans le domaine de la formation professionnelle. En 2018, 850 000 personnes ont ainsi effectué un séjour de mobilité à l’étranger par ce biais. Le budget d’Erasmus+, de 14,7 milliards pour la période 2014-2020, devrait être en augmentation pour la programmation 2021-2027. Si la Commission et le Parlement européens souhaitaient initialement porter son montant à 30 milliards d’euros, les Etats membres en ont décidé autrement en juillet 2020, fixant cette somme à 24 milliards. En novembre 2020, la présidence allemande du Conseil et les eurodéputés ont abouti à un compromis à 26,2 milliards d’euros.

Près d’un Européen sur cinq en manque de compétences de base

Lire, écrire, faire des calculs simples ou encore utiliser un ordinateur sont des compétences de base dont tous les Européens ne disposent pas. Dans le cadre de l’Agenda des compétences pour l’Europe, la Commission européenne a adopté une révision de la recommandation sur l’acquisition des compétences clés en janvier 2018 afin d’améliorer l’action des États membres à ce sujet.

Elle consiste en “une stratégie de coordination sur l’accès à la formation et aux compétences de base pour les adultes les moins qualifiés sur le marché du travail” , soit les près de 20 % d’Européens qui ont des difficultés pour lire, écrire, calculer et utiliser des outils numériques au quotidien.

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