Devant le Palais des congrès de la porte Maillot, à Paris, des files de taxis à l’arrêt, dans l’attente désespérée d’un client qui ne viendra pas. Le hall du Hyatt Regency, l’hôtel 4-étoiles qui jouxte le Palais, reste désert. Pandémie de Covid-19 oblige, tous les événements, salons et congrès ont été annulés. Faute de pouvoir se déplacer, les voyageurs d’affaires demeurent aux abonnés absents.
Une année noire pour la capitale, régulièrement distinguée dans les classements internationaux comme la première destination de congrès du monde. « C’est la débandade », se désole Corinne Menegaux. La directrice générale de l’office du tourisme et des congrès de Paris estime qu’en 2020 le Covid-19 a entraîné l’annulation de quelque 800 salons et congrès se tenant habituellement dans la capitale. Soit pas moins de 4 milliards d’euros de retombées économiques en moins pour le territoire.
Confinés devant leur écran
Alors que les voyageurs d’affaires restent confinés devant leur écran, hôteliers et restaurateurs se désolent. Car la désertion des visiteurs venus pour affaires, visiter un salon ou rencontrer leurs partenaires professionnels les prive de la partie la plus lucrative de leur clientèle. Bénéficiant des notes de frais, un voyageur d’affaires dépense deux à quatre fois plus qu’un touriste classique, s’accordent à dire les acteurs de la filière. Dans toute la France, la tenue de quelque 380 000 séminaires et autres événements professionnels en 2018 avait permis aux acteurs de cet écosystème de bénéficier de 32 milliards d’euros de retombées, estime le cabinet d’audit EY.
« En 2020, 80 % des événements ont été annulés ou reportés », évalue Frédéric Pitrou, le directeur général de l’Union française des métiers de l’événement
Des retombées qui devraient être très inférieures cette année. « La baisse de l’activité en 2020, constatée par les entreprises clientes de l’industrie du voyage d’affaires, est estimée entre 60 % et 70 % », indique Michel Dieleman, président de l’Association française du Travel Management (AFTM). Si, en juin 2020, les professionnels se raccrochaient encore à l’idée d’une reprise à la rentrée, les restrictions aux frontières et les limitations de rassemblement, imposées par les pouvoirs publics, ont vite douché leurs espoirs. « Certains commencent juste à se rendre compte que la reprise ne va pas arriver tout de suite », confie Corinne Menegaux.
Le groupe Radisson Hotels avait rouvert l’ensemble de ses hôtels en juin, sauf à Paris. Mais son directeur régional pour l’Europe de l’Ouest, Sébastien de Courtivron, a vite déchanté. « La clientèle affaires revenait petit à petit, surtout des nationaux, se remémore-t-il. Puis les rassemblements ont été restreints, les grands-messes des laboratoires annulées. Enfin, il y a eu le reconfinement. » Sur l’année 2020, le chiffre d’affaires a été divisé par trois ou quatre, se désole le directeur, sachant que les hôtels 4-étoiles et 5-étoiles vivent essentiellement de la clientèle affaires.
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