Tribune. Les Français seraient donc prêts à prendre la clé des champs. Après les crises sociales de 2018-2019 et la crise sanitaire de 2020, les métropoles sont pointées du doigt. Pollution, trajets à rallonge, prix élevés de l’immobilier, les grandes agglomérations auraient reçu le coup de grâce en étant présentées comme plus risquées en cette période de pandémie. Faut-il pour autant les déconstruire ?
Gardons pourtant à l’esprit l’atout maître des métropoles : leur capacité à créer des emplois lors des phases d’expansion économique. Au cours de la dernière décennie et après la crise des subprimes, les métropoles françaises (dont le Grand Paris) ont généré près de 1,1 million d’emplois privés sur les 1,3 million supplémentaires créés en France, selon le baromètre annuel d’Arthur Loyd. Une performance qui est le fruit d’un travail de longue haleine faisant converger capital humain, chercheurs, entrepreneurs, mais aussi investisseurs.
Dès que l’épidémie de Covid-19 sera jugulée par le déploiement des vaccins, on peut s’attendre à un redémarrage de l’économie à partir de la mi-2021. Résilientes face aux chocs conjoncturels et dotées d’un riche tissu économique, les métropoles seront demain les territoires les plus pourvoyeurs d’emplois.
Les trois leviers des métropoles
Le temps est venu de trouver le chemin d’une meilleure articulation entre le potentiel économique offert par les métropoles et les nouvelles attentes des Français en matière de qualité de vie. Pour y parvenir, il faut agir sur trois leviers.
Tout d’abord, déconcentrer le pouvoir administratif et économique de Paris vers les régions. L’Ile-de-France est la région la plus administrée de France : 82 agents pour 1 000 habitants. Elle accueille 18 % de la population du pays mais concentre encore 37 % de l’emploi des cadres. Une « relocalisation des services centraux de l’Etat » a bien été amorcée à la suite de la crise des « gilets jaunes », mais elle demeure timorée et, surtout, dénuée de symboles forts.
Un élan politique majeur est nécessaire pour rapprocher le pouvoir des Français en enclenchant le redéploiement des ministères dans les territoires. Cet électrochoc aurait pour conséquence d’encourager les entreprises implantées en Ile-de-France à nourrir une dynamique de régionalisation. Les bassins d’emploi des autres grandes métropoles du pays disposent désormais de viviers de compétences nécessaires à leur croissance.
En engageant une nouvelle organisation territoriale entre leur siège et des sites en régions, les entreprises de taille intermédiaire et les grands groupes pourraient reconsidérer les demandes de mobilité de leurs collaborateurs franciliens, qui aspirent désormais à un meilleur équilibre de vie, tout en rationalisant leurs coûts immobiliers, deuxième poste de dépenses après les salaires.
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