
Jonathan Hude-Dufosse, 32 ans, a longtemps hésité avant de se décider à écrire cette lettre. « Chère Vannina », commence-t-il, d’une familiarité dont il n’avait jamais fait usage avec celle qui fut son enseignante au lycée Voltaire de Wingles, commune du Pas-de-Calais marquée par son passé minier. « Peut-être ne vous souvenez-vous pas de moi. Pourtant, j’ai un souvenir intact de votre capacité à tirer le meilleur de chacun ». Longue de cinq pages, la missive se conclut sur un simple « merci », pour avoir « tout changé » dans son parcours.
C’est en effet cette professeure d’italien de terminale qui lui a parlé, pour la première fois, des « classes prépa », lui affirmant qu’il y avait toute sa place. « Dans ma famille, les études étaient un monde abstrait. On ne parlait pas du futur, alors je découvrais tout », raconte ce fils d’un ouvrier à la chaîne et d’une femme de ménage. Elle lui glisse : « Un garçon de ton niveau doit regarder des films d’auteur », avant de l’entraîner au CDI visionner Satyricon de Fellini, lui ouvrant ainsi « la brèche de la culture attendue » en prépa.
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