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Chez les étudiants en médecine, le tabou des suicides

Chaque année, une dizaine d’internes se donnent la mort. Des événements traumatisants pour l’ensemble d’une promotion, qui mettent en lumière les risques psychosociaux auxquels sont soumis ces étudiants.

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Publié le 12 janvier 2021 à 07h00, modifié le 13 janvier 2021 à 06h20

Temps de Lecture 6 min.

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La métaphore revient comme un refrain : les étudiants et internes en médecine seraient des super-héros. Invincibles et invulnérables. Connaissant l’intégralité de leurs cours sur le bout des doigts, enchaînant les gardes à l’hôpital, cultivant une vocation sans faille.

« Pour autant, il y en a plein qui se fracassent », souffle Laurence Marbach, présidente de l’association la Ligue pour la santé des étudiants et internes en médecine (Lipseim). Sa fille, Elise, s’est écroulée à 24 ans. « Brillante, passionnée, empathique », la jeune femme a mis fin à ses jours le 2 mai 2019.

En premier semestre d’hépato-gastro-entérologie à Lyon, l’interne travaillait autour de 80 heures par semaine. Avant son décès, Elise avait enchaîné trois week-ends sans répit : une astreinte pour assurer la continuité des soins, un colloque de spécialité à Paris, une formation à Clermont-Ferrand. Pour tenir, faute de cape de Zorro, elle s’était prescrit des bêtabloquants, essayant de cacher son stress et son épuisement professionnel.

Briser le mythe

Par peur de paraître « faibles », « inaptes », « nuls » ou « incompétents », rares sont les futurs médecins qui osent alerter quand ça ne va pas. Pire, quand ils ont des idées noires.

Dans une culture hospitalière évoluant à huis clos, l’idée qu’il faut « apprendre dans la douleur » reste prégnante. « On est dans une forme de pression sociale, économique, intellectuelle », relève Barbara Lantier, médecin généraliste qui, face au « mutisme collectif », a choisi de soutenir sa thèse en 2019 sur le suicide des externes, internes et docteurs en médecine. « Certains étudiants sont dans le déni, alors qu’ils peuvent eux aussi avoir des limites physiques ou morales. Quand ils s’en rendent compte, ils risquent de tomber de très haut. »

La prévalence de la dépression et des idées suicidaires chez les étudiants en médecine est largement supérieure à la population générale

D’où la nécessité, vitale, de briser le mythe. C’est « pour que cessent l’omerta, l’oubli, l’indifférence du système sur la maltraitance des internes et étudiants en médecine » que les parents d’Elise ont cofondé la Lipseim. Depuis la création de l’association en mai 2020, ils organisent des actions de prévention et de sensibilisation à destination des apprentis médecins, mais aussi des seniors et de l’administration hospitalière. « Les jeunes doivent entendre qu’ils sont parfois en danger », martèle Luc Marbach. Car de nombreuses études le prouvent : la prévalence de la dépression et des idées suicidaires chez les étudiants en médecine est largement supérieure à la population générale.

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