Comment sont examinées les candidatures des lycéens sur Parcoursup, en particulier dans les filières sélectives ? Trois ans après sa mise en place, la plate-forme est encore loin d’afficher une pleine transparence.
Chaque filière, dans chaque établissement, établit sa propre grille d’évaluation des dossiers. Des commissions d’examen des vœux se réunissent pour classer les candidatures. Elles peuvent le faire « à la main », recourir à des outils de tri maison, ou bien utiliser l’« outil d’aide à la décision » (OAD), un algorithme mis à disposition par Parcoursup pour un traitement automatisé des candidatures, que les filières paramètrent selon les matières qu’elles souhaitent valoriser.
Environ un tiers des formations, qui représentent au total deux tiers des candidatures, utilisent cet outil d’aide à la décision, notait la Cour des comptes, dans un rapport de février 2020, qui soulignait le « mouvement massif d’automatisation » du traitement des candidatures introduit par Parcoursup.
Crainte de discriminations
Dans ce contexte de concurrence exacerbée et de traitement automatisé, les notes du lycée, et certaines notes du bac, désormais intégrées à Parcoursup, revêtent une importance ultra-stratégique. Or, tous les lycées ne pratiquent pas la même notation, reflet de politique d’établissements, du niveau des classes, de leur composition… D’où le fait que certaines filières aient décidé, à bas bruit, d’intégrer dans leurs outils de tri le « niveau » du lycée. Cet indicateur ne fait pas partie de l’outil d’aide à la décision de Parcoursup mais les commissions d’examen des vœux peuvent l’ajouter lors de leur traitement des données.
En effet, si depuis 2019, le nom, le genre et l’adresse des candidats sont anonymisés, ce n’est pas le cas du lycée d’origine. Une particularité dénoncée à la fois par la Cour des comptes, et par le Défenseur des droits dans une décision de février 2019, par crainte de discriminations. Combien de filières utilisent-elles ce critère ? « Jusqu’à 20 % des commissions des filières non sélectives les plus en tension utilisent le critère du lycée d’origine en 2019 », selon la Cour des comptes. Dans les filières sélectives, cette proportion n’est pas révélée.
« Patte humaine »
Ainsi, nombre de classes préparatoires, en particulier les plus prestigieuses, analysent les dossiers des lycéens à l’aune de leur établissement d’origine. Le lycée privé Sainte-Geneviève à Versailles compte 20 fois plus de candidatures que de nombre de places dans ses classes préparatoires. Malgré tout, il continue d’examiner les dossiers sans recours à un algorithme.
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