La part d’étudiantes dans les grandes écoles d’ingénieurs n’a pas progressé en dix ans, d’après une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), laboratoire de l’Ecole d’économie de Paris, publiée mardi 19 janvier, et qui analyse les origines des étudiants de 234 grandes écoles. Les femmes représentaient 26 % des promotions des écoles d’ingénieurs en 2016-2017 (21 % dans les écoles les plus prestigieuses), comme dix ans plus tôt. En revanche, les écoles de commerce et les instituts d’études politiques accueillent autant, voire plus de femmes que d’hommes dans leurs promotions.
Cette sous-représentation des filles est liée à leur faible nombre dans les classes préparatoires scientifiques. Entre 2006 et 2016, leur proportion dans ces classes n’a en effet pas dépassé le tiers des effectifs, alors qu’elle atteint les trois quarts en prépa littéraire où les garçons sont, à l’inverse, largement sous-représentés.
Au regard de leurs performances scolaires dans le secondaire, les étudiantes auraient pourtant dû être plus nombreuses à intégrer ces écoles. « Notre étude montre que si les filles sont moins présentes en école d’ingénieurs et en prépa, cela ne s’explique pas par leur niveau scolaire, souligne Cécile Bonneau, doctorante en économie à l’Ecole normale supérieure et à l’Ecole d’économie de Paris, coautrice de l’étude. Les filles se détournent de ces filières après le bac, par choix ou par autocensure. »
Le « carcan des préjugés »
« Les choses sont en train de changer, mais les stéréotypes et les préjugés sont encore un carcan, même inconscient, dans les choix des élèves, constate Marie-Sophie Pawlak, fondatrice de l’association Elles bougent, ancienne présidente de la commission égalité femmes-hommes de la Conférence des grandes écoles. Les filles sont très nombreuses dans certains domaines comme l’agroalimentaire ou la chimie, mais beaucoup moins en informatique ou en mécanique. Pour qu’elles s’orientent davantage vers les écoles conduisant à ces métiers, il faut faire en sorte qu’elles les connaissent et qu’elles puissent s’y projeter. »
Quelles seront, à cet égard, les conséquences de la réforme du lycée entrée en vigueur en 2019, qui a mis fin aux filières et permet à chacun de choisir ses matières ? Pour l’heure, les filles sont encore largement plus nombreuses dans les spécialités littéraires, tandis que les garçons sont toujours majoritaires dans les matières scientifiques. Dans la spécialité sciences de l’ingénieur, en terminale cette année, les lycéennes ne sont que 13 %.
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