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Les femmes, moteurs de performance et de résilience

L'Index Women Equity constate depuis dix ans les bonnes performances financières des petites et moyennes entreprises dirigées par des femmes. En 2020, ces cheffes d'entreprise ont su s'adapter pour innover et continuer à croître malgré la crise du Coronavirus.

L'attention particulière des dirigeantes à leur rentabilité est en partie liée à leur difficulté à avoir accès au financement.
L'attention particulière des dirigeantes à leur rentabilité est en partie liée à leur difficulté à avoir accès au financement. (Photo GreenEcoEnergy)
Publié le 18 janv. 2021 à 07:00Mis à jour le 18 janv. 2021 à 10:49

Présidentes, directrices générales ou gérantes… Les entreprises qui disposent de femmes à leur tête ont enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires de 5,5 % en 2019, contre 4,8 % pour les PME et ETI dirigées par des hommes. Ces chiffres, compilés par Women Equity Partners, sont issus de l'analyse de 25.000 PME et ETI françaises. 2019 est la douzième année consécutive de l'index constatant une surperformance des entreprises dirigées par des femmes, les rendant notamment plus rentables : l'excédent brut d'exploitation des dirigeantes a atteint 8,4 % en 2019, contre 6,4 % pour leurs homologues masculins. Réalisé dans le contexte de la crise du coronavirus, le palmarès Women Equity, qui met en avant 50 entreprises exemplaires, prend en compte les performances de ses lauréates sur la période 2017-2019 et analyse leur capacité de résilience en 2020.

Apprendre à s'imposer

Au sein de l'entreprise Daudin, basée au sud d'Orléans, l'année 2020 a été synonyme d'accélération de la croissance. Une quinzaine d'embauches sont venues porter l'effectif à 56 personnes, pour un chiffre d'affaires qui a bondi de 10,8 à 13,7 millions d'euros entre 2019 et 2020. Pour Stéphanie Jagu, qui a repris l'entreprise en 2008 aux côtés de son père et de son frère, l'activité a de beaux jours devant elle : « Créée en 1833,l'entreprise faisait historiquement des remorques. Nous l'avons transformée pour commercialiser des bases vie de chantier, qui comportent des réfectoires, sanitaires, douches, climatiseurs… Aujourd'hui, cette activité tire la majorité de notre chiffre d'affaires. »

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Stéphanie Jagu, qui a repris l'entreprise Daudin en 2008 aux côtés de son père et de son frère, a commencé dans la société en tant qu'assistante comptable.

Stéphanie Jagu, qui a repris l'entreprise Daudin en 2008 aux côtés de son père et de son frère, a commencé dans la société en tant qu'assistante comptable.Daudin

Pour s'imposer comme femme dans l'industrie, Stéphanie Jagu, professeur de lettres avant de rejoindre l'entreprise, a choisi de commencer en bas de l'échelle, comme assistante comptable. Une « nécessité » pour celle qui, devenue présidente, s'est formée seule à la comptabilité, mais aussi à la gestion des ressources humaines et au commercial, dont elle tient aujourd'hui les rênes.

S'affirmer au-delà des clichés

« Les femmes ne sont pas encouragées à s'engager dans la voie de chef d'entreprise, estime Dunya Bouhacene, présidente de Women Equity Partners. Celles qui endossent ce rôle ont des profils particuliers : elles ont été capables de contourner cette sous-représentation et de s'affirmer au-delà des clichés. » En 2020, les 50 lauréates du palmarès ont gagné un point de marge en moyenne, tout en continuant à faire croître leurs effectifs, de 10 % en moyenne pour un effectif moyen de 126 salariés.

Pour la présidente de Women Equity Partners, l'attention particulière des dirigeantes à leur rentabilité est aussi liée à leur difficulté à avoir accès au financement. Selon le collectif Sista, les entreprises dirigées par des femmes n'ont capté que 2,6 % des fonds du capital-investissement au cours des cinq dernières années. « Les femmes dirigeantes ont accès à moins de capital, mais elles ont une grande capacité à innover et à remettre en question les modèles établis », souligne Dunya Bouhacene.

Garder son indépendance

Cette capacité à innover a été mise en oeuvre par Amandine Aubert, fondatrice de EcoGreenEnergy, dès la création de sa société en 2008. Elle fournit de la chaleur verte au compteur pour des clients industriels, et a continué à croître fortement en 2020, réalisant 20 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier contre 16,1 millions en 2019. Si l'accélération a été très forte depuis cinq ans, la dirigeante est financée sur fonds propres et par emprunts bancaires. « Je suis entrée en contact avec des fonds en 2015. Nous faisions alors 2 millions d'euros de chiffre d'affaires, mais ce que l'on me proposait ne prenait pas en compte le potentiel du business model », souligne la fondatrice, qui a choisi de garder son indépendance et de valider sa vision. Un pari réussi : malgré un ralentissement en 2020, l'activité a continué à croître et Amandine Aubert à embaucher. Quinze salariés ont rejoint EcoGreenEnergy l'an dernier, l'entreprise strasbourgeoise employant désormais 49 personnes. La dirigeante est confiante : « Depuis septembre, les grands groupes industriels sont en forte demande de solutions de décarbonation, on sent un vrai dynamisme commercial sur le marché », souligne-t-elle. Dynamisme qui devrait lui permettre, ainsi qu'à ses consoeurs, de continuer à performer.

Camille Prigent

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