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Crise sanitaire : « Ce qui fait défaut dans notre système français d’enseignement si cartésien, c’est la prise en compte des émotions, des affects »

Si les universités américaines ont réussi le pari d’une transition pédagogique en ligne, le système universitaire français fait au contraire les frais de son manque de souplesse, estime, dans une tribune au « Monde », Loriane Lafont, doctorante en langue et littérature françaises à l’université de Chicago.

Publié le 21 janvier 2021 à 06h00, modifié le 21 janvier 2021 à 09h53 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Il faut ici énoncer une vérité simple, et qui fait d’autant plus mal qu’elle est une évidence là d’où je parle : les universités américaines fonctionnent, résistent, quand l’enseignement supérieur français est littéralement laissé pour compte, abandonné par le pouvoir en place d’une manière qui ne peut que laisser amers l’ensemble de ses acteurs. Entre septembre et novembre, de passage en France pour mes recherches, je constatais avec peine que, là où les universités américaines avaient réussi le pari d’une transition pédagogique en ligne, notre système universitaire était globalement en déshérence sur ce sujet.

Et la comparaison avec le système américain mérite d’être faite : formation en temps réel des enseignants sur les outils de pédagogie numériques, coaching des pôles informatiques auprès des enseignants et des étudiants, assistance permanente et soutien constant de la communauté pédagogique sur un plan psychologique, émotionnel, voire financier, et bien sûr technique dans l’opération délicate qui a consisté à basculer l’enseignement entièrement en ligne. Depuis le début de cette crise, en tant qu’étudiante de doctorat mais aussi en tant qu’enseignante, on m’a constamment épaulée et soutenue. Je ne sais comment je serais parvenue à faire mon travail sans ce soutien indispensable.

Agilité des universités américaines

Le constat est clair : ce basculement a fonctionné aux Etats-Unis. Bien sûr, tout n’est pas rose au pays de l’Oncle Sam : les étudiants sont fatigués par de longues heures passées sur Zoom, les professeurs fournissent un effort colossal pour assurer les cours en ligne à coups de tutoriels, pour s’adapter au rythme différent des étudiants et pour gérer leur quotidien.

Il y a un coût humain certain au passage au tout-online, et c’est l’épuisement : « Je n’ai plus de vie », ai-je quelquefois entendu de la part d’enseignants exsangues. Il suffit d’assister à quelques réunions de débriefing du trimestre d’automne pour comprendre que cette transition ne se fait pas sans heurts et sans douleurs. Pour autant, elle se fait, et l’agilité surprenante de l’institution universitaire américaine doit être saluée, là où l’état de l’université française fait littéralement peine à voir.

Pourquoi cet écart ? Pourquoi tant de différences entre un système et un autre ? Certes, les ressources ne sont pas les mêmes : on dira volontiers que l’enseignement aux Etats-Unis est privé et qu’il est globalement infiniment mieux doté que l’enseignement public français. Cette explication ne suffit pas. Et, en tout cas, on ne peut pas s’en contenter, en se lamentant sur la faiblesse des crédits alloués à l’université française.

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