Plusieurs centaines d’étudiants ont défilé devant les fenêtres du ministère de l’enseignement supérieur à Paris, mercredi 20 janvier après-midi, pour crier leur lassitude et leur détresse d’être cantonnés aux cours à distance depuis le deuxième confinement, décidé par l’exécutif fin octobre 2020 pour endiguer la propagation du Covid-19. L’annonce par le premier ministre, Jean Castex, le 14 janvier, d’un retour en présentiel pour les séances de travaux dirigés (TD) pour les seuls étudiants de première année – ils étaient 284 800 en 2020 pour 2,7 millions d’étudiants au total – à partir du 25 janvier, est ressentie comme un affront pour tous les autres.
A l’initiative de l’UNEF et d’autres organisations étudiantes de gauche (UNL, Solidaires Etudiants, les jeunes communistes, les jeunes « insoumis », les jeunes écologistes…), les manifestations se sont multipliées dans plusieurs grandes villes après que le mouvement a pris forme sur les réseaux sociaux durant le week-end, avec le hashtag #etudiantsfantomes.
Dans leurs rangs, le sentiment d’abandon domine. « Entre la fatigue, le flou, la colère et la solitude, on fait quoi ? Je comprends que les plus fragiles en viennent à mettre fin à leurs jours », témoigne Constance, en première année de master d’anthropologie à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Auprès d’elle, son amie Laetitia ne voit qu’une seule solution pour que les étudiants retrouvent un cap : « Ouvrir un maximum de cours en présentiel avec des petits groupes et obliger les professeurs à se former pour assurer les cours à distance. » Au quotidien, les études sur écran peuvent devenir insoutenables. « Si je suis morose, il m’arrive de me connecter sans suivre ce que dit le prof. Mon cerveau se met sur off, j’entends mais je n’écoute pas, surtout s’il est 19 heures », reprend Constance qui regrette de ne plus pouvoir « être captivée » par ses enseignants.
« Je paye un loyer pour rien »
En tête de cortège, la présidente de l’UNEF demande au gouvernement de débloquer 1,5 milliard d’euros pour permettre une reprise dans de bonnes conditions sanitaires. « Il y a des possibilités de reprendre les cours en dédoublant les effectifs, en recrutant des chargés de cours et en titularisant les contractuels afin d’assurer des séances supplémentaires en présentiel », détaille Mélanie Luce, qui refuse d’entendre que les étudiants doivent « encore tenir », comme Emmanuel Macron l’a recommandé, le 15 janvier, à une étudiante de Sciences Po Strasbourg, en réponse à une lettre où elle lui décrivait son « impression d’être morte ».
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