« Aujourd’hui, j’ai pleuré parce qu’un prof m’a dit “merci” dans un e-mail, c’est les seules considérations qu’on a. Je me sens nulle parce que je n’arrive pas à suivre mes cours. » Emue aux larmes, Lorea, 19 ans, a pris le micro, lundi 25 janvier, devant un parterre d’étudiants réunis à l’université Bordeaux-Montaigne. La jeune fille a rejoint le mouvement « Rentrée fantôme », lancé par l’EBM (Etudiant.e.s Bordeaux Montaigne), liste majoritaire et apolitique de l’université, afin d’accueillir le retour en présentiel d’étudiants de première année, en demi-jauge, confirmé par Jean Castex le 14 janvier.
Julie, 24 ans, membre de l’EBM, prépare café et sucreries pour les premiers étudiants de retour sur le campus. Elle les accueille chaleureusement, ravie d’avoir quitté sa chambre universitaire de 13 m2. « C’est horrible de passer toute la journée à suivre les cours sans avoir aucun contact. On est assis à notre bureau, on ferme un onglet, on en ouvre un autre. Certains enseignants ne comprennent pas encore la détresse des étudiants », confie-t-elle. Ce lundi matin, l’objectif est justement de leur donner la parole.
« Un casse-tête »
Difficultés à suivre les cours à distance enfermés dans leurs chambres d’étudiant ou chez leurs parents, problèmes de suivi pédagogique, solitude… Les étudiants ont pourtant vu, dans les dernières annonces d’Emmanuel Macron, le 21 janvier, à l’université de Paris-Saclay, une once d’espoir. Notamment avec la possibilité de revenir en présentiel un jour par semaine à partir de février. Mais ce lundi, qui marquait la rentrée des étudiants de licence 1 en présentiel, a finalement été une déception de plus. Quelques élèves seulement ont pu assister à des cours donnés sporadiquement.
« C’est un casse-tête. On n’est pas loin du théâtre de l’absurde. Les étudiants ne sont pas contents, ce que je comprends, mais les personnels non plus », explique Lionel Larré, président de l’université Bordeaux-Montaigne. Cette organisation implique aussi un changement des emplois du temps, pour les enseignants, qui doivent donner des cours en présence et à distance, et pour les étudiants. Mais dans une université de 18 000 étudiants, ça ne se fait pas comme ça, il faut que tous les agendas soient compatibles. »
Une circulaire a été envoyée aux universités, vendredi 22 janvier, avec de nouvelles directives. Finalement, tente de résumer Lionel Larré, « les L1 reviendront à 50 %, les autres étudiants à 20 % ». Pourtant, si cette nouvelle organisation semble actée, les salles de cours, elles, restent vides.
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