Rue des Ecoles, au cœur du Quartier latin de Paris, les trottoirs sont vides là où déambulent habituellement des étudiants par centaines. Pas une âme non plus dans la cour de la faculté de droit, qui fait face au Panthéon. En raison de la crise sanitaire, c’est de chez eux que, depuis plus de deux mois, des centaines de milliers d’étudiants en licence suivent, comme ils le peuvent, cours magistraux et travaux dirigés. Mais pas tous.
Il suffit de traverser la place des grands hommes pour trouver des étudiants en licence heureux d’être ensemble et en classe. Après deux mois de cours à distance, les élèves du cycle pluridisciplinaire d’études supérieures (CPES) de Paris Sciences et lettres (PSL) ont été autorisés à revenir dans l’enceinte du lycée Henri-IV. Les couloirs de l’établissement sont bondés d’étudiants soulagés d’avoir été autorisés à mettre fin à des semaines de solitude. Créée en 2012, cette licence hybride démontre encore son atypisme.
Une licence proche du nouveau bac
Estelle, Lou, Mathieu et les 38 autres élèves de la classe sont tous là, côte à côte et visiblement heureux, malgré leur masque sur le nez. « C’est un réel soulagement de faire cette rentrée à l’école, reconnaît Mathieu, l’enseignement à distance est épuisant. Il est essentiel de conserver des mécanismes d’apprentissage en groupe, de pouvoir discuter ensemble de notre travail. Partager est fondamental dans notre vie d’étudiant. »
Philippe Riutort, professeur de sociologie fait son entrée et tonne un « Bonne année ! ». « Bonne année ! », lui répond la classe. « Merci. Je ne voudrais pas casser l’ambiance mais il me semble que vous avez des devoirs à me rendre. » Au CPES, cette nouvelle partie de l’année commence comme la première : à cent à l’heure.
Le CPES quèsaco ? Une licence avec un tronc commun interdisciplinaire composé de majeures et de mineures qui ressemble, bien qu’il lui soit antérieur, au nouveau baccalauréat. Il existe trois filières en première année : sciences, humanités et sciences économiques, sociales et juridiques. Les étudiants se spécialisent dans leur cursus en fonction de leurs goûts et progressivement pour parvenir à une spécialité en troisième année : mathématiques, économie, droit, histoire, informatique…
Enseignement hybride
« Le concept est de mélanger les étudiants dans le programme commun, pour que chacun bénéficie d’une initiation à la recherche comme un programme culturel, expose David Schreiber, directeur des études humanités au CPES. Ils se rencontrent quelles que soient leurs appétences, ils créent un groupe qui échange. Il faut que celui qui se destine à la philosophie parle avec celle qui partira en sciences dures et inversement. L’ambition est de décloisonner les savoirs dans le groupe. » Un modèle incompatible avec un cursus à distance.
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