Au 37 boulevard de Port-Royal à Paris, le couvre-feu passe inaperçu : les élèves de prépa n’ont pas le temps de sortir le soir. Après une longue journée en classe – contrairement aux étudiants des universités assignés aux cours en ligne, ils ont eu la chance de pouvoir continuer leurs cours en présentiel –, les pensionnaires de l’internat de la réussite Jean-Zay se remettent au travail. Lancé en 2013, cet établissement accueille 800 étudiants, boursiers ou originaires de quartiers sensibles, scolarisés dans des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) publiques parisiennes.
Ces jeunes sont hébergés sur deux sites, dont l’un est situé dans l’ancienne caserne Lourcine. L’enjeu : fournir à ces jeunes méritants les conditions de vie optimales pour intégrer une grande école. Car les étudiants boursiers des classes préparatoires ne jouent pas dans la même cour que leurs camarades issus de milieux plus privilégiés. Une fois admis en prépa, « les élèves boursiers ont des performances en moyenne inférieures aux autres étudiants, à niveau initial donné », révèle une étude récente du ministère de l’enseignement supérieur, portant sur les performances des élèves de CPGE scientifiques, entre 2013 et 2017.
Ecarts saisissants
Comme si les origines sociales continuaient à peser encore et encore, même en prépa, lorsque les plus grandes barrières ont pourtant été franchies. Ainsi, s’ils constituent 26 % des élèves des classes préparatoires spécialités mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur (MPSI) et physique-chimie-sciences de l’ingénieur (PCSI), les boursiers ne représentent que 17 % des intégrés aux 23 écoles les plus cotées, et seulement 13 % des sept écoles les plus prestigieuses.
Les écarts sont saisissants. Ainsi, avec un niveau situé entre 16 et 17 de moyenne au bac, seulement 30 % des boursiers inscrits dans une très bonne CPGE parisienne intègrent l’une des 23 meilleures écoles. Contre 50 % des non-boursiers. « Les boursiers sont pénalisés dans leur capacité à réussir les concours par des facteurs qui ne relèvent ni de leur niveau initial à l’issue du baccalauréat, ni du lieu de leur préparation. Les facteurs de handicap cumulent probablement les aspects financiers et d’autres facteurs, estiment les auteurs de l’étude. On peut faire l’hypothèse qu’une moindre capacité à acheter des livres, à recourir à des cours particuliers ou des stages d’approfondissement, ou encore des conditions de logement et de transport moins favorables concourent à ce résultat. »
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