Au large des côtes françaises, une soixantaine de parcs éoliens tournent à plein régime. Sur terre, près de 20 000 éoliennes maillent le territoire et les installations photovoltaïques atteignent une puissance installée de 100 gigawatts. Nous sommes en 2050 et les derniers réacteurs nucléaires encore en fonctionnement doivent être progressivement mis à l’arrêt d’ici à une décennie. L’essentiel de l’électricité utilisée en France est désormais d’origine renouvelable.
Ce scénario est-il totalement utopique ? Ou préfigure-t-il au contraire l’avenir de la politique énergétique ? Dans une étude très attendue publiée mercredi 27 janvier, le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité (RTE) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) détaillent les conditions techniques indispensables à la mise en place d’un système électrique fondé sur des parts très élevées d’énergies renouvelables. Un document commandé par le ministère de la transition écologique en 2019 afin de confirmer la faisabilité d’une hypothèse 100 % renouvelables.
« C’est un rapport qui fera date dans l’histoire énergétique française, et peut-être même mondiale, se réjouit l’actuelle ministre de la transition écologique, Barbara Pompili. Le scénario 100 % renouvelables entre dans le champ des possibles. » Même si plusieurs études avaient déjà étudié cette possibilité, ce rapport est le premier émanant d’institutions reconnues mondialement pour leur capacité de modélisation.
Si la feuille de route énergétique de la France – la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) – trace la voie à suivre jusqu’à 2028, le pays devra ensuite arbitrer entre plusieurs options. Aujourd’hui, environ 70 % de l’électricité est issue du nucléaire, et donc largement décarbonée. Mais d’ici à trente ans, la quasi-totalité des réacteurs construits dans les années 1980 et 1990 auront été mis à l’arrêt.
Or, pour respecter ses engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat, la France s’est engagée à atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050 en misant notamment sur un recours accru à l’électricité. Elle devra donc faire un choix, rappelle le rapport : remplacer certains réacteurs en fin de vie par de nouveaux, ou substituer intégralement ces réacteurs par des énergies renouvelables.
Des conditions « cumulatives »
Cette seconde option, qui n’a encore jamais été mise en œuvre à grande échelle, a jusqu’ici suscité un fort scepticisme notamment chez les partisans du nucléaire. « Le débat français n’ayant pas permis de parvenir à un consensus sur la possibilité globale d’un futur système électrique fondé uniquement sur les énergies renouvelables, la première étape consiste à évaluer si un tel système pourrait être techniquement réalisable », écrivent ainsi les auteurs de l’étude.
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